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Nosseigneurs les Vicaires Généraux,

Nosseigneurs les Chapelains de Sa Sainteté Benoit XVI,

Messieurs les Recteurs des Grands Séminaires, de la Basilique et de la Cathédrale,

Messieurs les Vicaires Épiscopaux des Pôles, des Zones et des Services,

Chers confrères dans le sacerdoce ministériel,

Chers frères et sœurs,

Bien-aimés de Dieu,

 

BONNE FÊTE !

Rendons grâce au Seigneur qui nous a donné la joie d’une journée reçue dans la fraternité et l’approfondissement de notre identité sacerdotale.

En cette journée de la sanctification du clergé où nous célébrons la Messe chrismale, au nom de notre Église diocésaine, il est pour moi un devoir de saluer avec gratitude tous les prêtres de l’Archidiocèse de Yaoundé qui coopèrent avec générosité et abnégation, pour l’édification des portions du peuple de Dieu qui leur sont confiées. La célébration de cette Messe Chrismale constitue pour nous, le Jeudi Saint, jour de l’Institution de l’Eucharistie et du sacerdoce par notre Seigneur et bien-aimé Jésus Christ.

A tous les prêtres, nous disons bonne fête !

Merci de vous laisser conduire par le Christ, de vous laisser toucher par son Esprit. Je voudrais vous redire toute ma gratitude pour le don que vous faites chaque jour de votre personne. « Le sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus », disait le saint curé d’Ars. Permettez-moi de reprendre les mots du Pape Benoît XVI, commentant la déclaration de Jean Marie Vianney « Cette expression touchante nous permet avant tout d’évoquer avec tendresse et reconnaissance l’immense don que sont les prêtres, non seulement pour l'Église, mais aussi pour l’humanité elle-même. Je pense à tous ces prêtres qui présentent aux fidèles chrétiens et au monde entier l’offrande humble et quotidienne des paroles et des gestes du Christ, s’efforçant de lui donner leur adhésion par leurs pensées, leur volonté, leurs sentiments et le style de toute leur existence. Comment ne pas mettre en évidence leurs labeurs apostoliques, leur service inlassable et caché, leur charité ouverte à l’universel ? Et que dire de la courageuse fidélité de tant de     prêtres qui, bien que confrontés à des difficultés et à des incompréhensions, restent fidèles à leur vocation : celle d’« amis du Christ », qui ont reçu de Lui un appel particulier, ont été choisis et envoyés ? » (Lettre aux prêtres à l’occasion de l’ouverture de l’année sacerdotale).

En me souvenant de l’appel de Dieu, de notre consécration et de l’envoi dont nous sommes l’objet de la part du Seigneur, je voudrais souligner pour l’approfondissement de notre spiritualité sacerdotale, la nécessité du témoignage afin de mieux correspondre à notre identité de prêtre.

En effet, pour chacun d’entre nous, il s’agit d’être témoin de l’invisible, témoin de Jésus, témoin de l’Église, en tant que gardien et pasteur du troupeau.

Je voudrais très sincèrement remercier Monsieur l’Abbé André Yves SAMEKOMBA, Formateur au Grand Séminaire, pour sa riche communication de ce matin. Merci à Nosseigneurs les Vicaires Généraux pour le travail abattu et à tous ceux qui ont travaillé pour le bon déroulement de cette journée sacerdotale qui tire à sa fin, en particulier le Père Économe et les deux Chanceliers.

A vous, mes frères et sœurs laïcs !

Je vous remercie pour votre présence massive à cette célébration. Elle exprime le souci que vous avez pour notre Église diocésaine et dit votre amour pour vos prêtres. Merci pour cette marque d’affection. Toutefois, je vous invite encore à aimer  vos prêtres et votre diocèse, à les soutenir pour qu’ils soient plus disponibles à votre service et au service de Dieu. N’ayons de cesse de prier pour que les prêtres soient toujours et partout des pasteurs selon le cœur de Dieu, car le sacerdoce est la plus grande identification à Jésus Christ. Que c’est beau !

Chers prêtres !

Vous savez que la beauté de votre réponse à l’appel du Christ et de son Église a été portée, encouragée par tant de prières, de témoignages, de petits ou grands sacrifices, qui ont consciemment ou inconsciemment préparée ou fécondé votre oui (cf. Mgr Dominique REY, Le Prêtre, Éditions Tempora, 2009, P.52).

Chers confrères dans le sacerdoce ministériel !

La beauté de votre réponse est sacrificielle. Dire « oui » ou dire « me voici », c’est renoncer librement à d’autres formes de valorisation ou d’épanouissement humain, parce que nous avons compris que la liberté ce n’est pas faire n’importe quoi de sa vie, mais de la rendre disponible pour le choix de Dieu.

La beauté du sacerdoce consiste ainsi à se livrer à l’action de la grâce du Seigneur, pour être configuré au Christ, tête de son Corps qu’est l’Église. L’ordination est un don de soi à Dieu en vue de se donner aux hommes. Le Seigneur imprime au plus intime de l’être, un caractère indélébile qui qualifie le prêtre pour tenir à jamais la place du Christ, Prêtre, Serviteur de ses frères. La beauté unique du sacerdoce tient à cette configuration intime du prêtre à son Seigneur. Elle le rend capable de faire ce qui, à vue humaine, est impossible à réaliser : rendre le Christ présent en personne au milieu des siens et agir en son nom.

La beauté du prêtre est également façonnée par tant de personnes qu’il a servis et rencontrées sur sa route, par des drames humains dont il a été le confident, tout autant que de nombreuses providences dont il a été le témoin.

Michel-Ange disait à propos de ses sculptures, je le cite : « Je dégage de la pierre la statue qui s’y trouve ». Telle est également l’action de l’Esprit Saint dans la vie du prêtre. Le Seigneur se sert de toutes les péripéties de son histoire pour ciseler l’homme intérieur de dégager sa beauté cachée. Je pense à cette beauté des prêtres âgés qui portent, inscrits dans leur chair, le témoignage de la bonté et de la fidélité de Dieu.

Le ministère du prêtre est d’aider chacun à faire de sa vie une œuvre d’art, à retrouver l’estime de soi, car quelles que soient les tribulations de la vie chrétienne, c’est le rayonnement de la sainteté à laquelle le Christ nous convie.

Fidèles aux indications de l’Église, les prêtres vont renouveler leurs engagements sacerdotaux. A l’instar de la Vierge Marie, ils veulent réitérer le « oui » donné à l’ordination sacerdotale, à cause de Jésus, à cause de l’Évangile. À l’instar du Saint Curé d’Ars, chacun redit du fin-fond de son être : « Mon Dieu, faites-moi la grâce de vous aimer autant qu’il est possible que je vous aime ».

Bien-aimés de Dieu !

Chers frères et sœurs !

Au centre de la liturgie de ce soir, se trouve la bénédiction des huiles saintes – de l’huile pour l’onction des catéchumènes, de celle pour l’onction des malades et du Saint chrême pour les grands Sacrements qui confèrent l’Esprit Saint: la Confirmation, l’Ordination sacerdotale et l’Ordination épiscopale. Dans les Sacrements, le Seigneur nous touche au moyen des éléments de la création. L’unité entre la création et la rédemption se rend visible. Les Sacrements sont l’expression de la corporéité de notre foi qui embrasse corps et âme, l’homme entier. Le pain et le vin sont fruits de la terre et du travail de l’homme. Le Seigneur les a choisis comme porteurs de sa présence. L’huile est le symbole de l’Esprit Saint et, en même temps, elle nous renvoie au Christ: la parole «Christ» (Messie) signifie «l’Oint». L’humanité de Jésus, à travers l’unité du Fils et du Père, est insérée dans la communion avec l’Esprit Saint et ainsi, elle est «ointe» de manière unique, elle est pénétrée par l’Esprit Saint. Ce qui, dans les rois et dans les prêtres de l’Ancienne Alliance s’était produit de manière symbolique lors de l’onction avec l’huile, avec laquelle ils étaient institués dans leur ministère, se produit en Jésus dans toute sa réalité: son humanité est pénétrée par la force de l’Esprit Saint. Il ouvre notre humanité par le don de l’Esprit Saint. Plus nous sommes unis au Christ, plus nous sommes remplis de son Esprit, de l’Esprit Saint. Nous nous appelons «chrétiens»: «oints» – personnes qui appartiennent au Christ et pour cela participent à son onction, sont touchées par son Esprit.

« Je ne veux pas seulement m’appeler chrétien, mais je veux aussi l’être », a dit saint Ignace d’Antioche. Laissons justement ces huiles saintes, qui vont être consacrées maintenant, nous rappeler la tâche intrinsèque du mot «chrétien» et prions le Seigneur pour que, toujours plus, non seulement nous nous appelions chrétiens, mais nous le soyons aussi.

Au cours de la Liturgie de ce soir, comme nous l’avons déjà dit, trois huiles sont bénies. Dans cette triade s’expriment trois dimensions essentielles de l’existence chrétienne, sur lesquelles nous voulons réfléchir à présent. Il y a tout d’abord l’huile des catéchumènes. Cette huile indique en quelque sorte une première manière d’être touchés par le Christ et par son Esprit – un toucher intérieur par lequel le Seigneur attire les personnes à lui. Par cette première onction, qui est faite encore avant le Baptême, notre regard se tourne donc vers les personnes qui se mettent en chemin vers le Christ – vers celles qui sont à la recherche de la foi, à la recherche de Dieu.

 

L’huile des catéchumènes nous dit: ce ne sont pas seulement les hommes qui cherchent Dieu. Dieu Lui-même s’est mis à notre recherche. Le fait que lui-même se soit fait homme et soit descendu dans les abîmes de l’existence humaine, jusque dans la nuit de la mort, nous montre combien Dieu aime l’homme, sa créature.

Poussé par l’amour, Dieu s’est mis en marche vers nous. Dieu est à ma recherche. Est-ce que je veux le reconnaître? Est-ce que je veux qu’il me connaisse, qu’il me trouve? Dieu aime les hommes. Il va au devant de l’inquiétude de notre cœur, de l’inquiétude de nos questions et de nos recherches, avec l’inquiétude de son propre cœur, qui le pousse à accomplir l’acte extrême pour nous. L’inquiétude envers Dieu, le fait d’être en chemin vers lui pour mieux le connaître, pour mieux l’aimer, ne doit pas s’éteindre en nous. En ce sens, nous devrions toujours rester des catéchumènes. «Recherchez sans relâche sa face», dit le Psaume 105, 4.

Augustin a commenté à ce propos: Dieu est tellement grand qu’il dépasse infiniment toute notre connaissance et tout notre être. La connaissance de Dieu ne s’épuise jamais. Toute l’éternité, nous pouvons, avec une joie grandissante, continuer sans cesse à le chercher, pour le connaître toujours plus et l’aimer toujours plus. «Notre cœur est inquiet, tant qu’il ne repose en toi», a dit Augustin au début de ses Confessions. Oui, l’homme est inquiet, car tout ce qui est temporel est trop peu. Mais sommes-nous vraiment inquiets à son égard? Ne nous sommes-nous pas résignés à son absence et ne cherchons-nous pas à nous suffire à nous-mêmes? Ne permettons pas de telles réductions de notre être humain! Restons continuellement en marche vers lui, ayant la nostalgie de lui, accueillant de manière toujours nouvelle connaissance et amour!

Ensuite, il y a l’huile pour l’Onction des malades. Nous avons devant nous la multitude des personnes qui souffrent: les affamés et les assoiffés, les victimes de la violence sur tous les continents, les malades avec toutes leurs douleurs, leurs espérances et leurs désespoirs, les persécutés et les opprimés, les personnes au cœur brisé. À propos du premier envoi des disciples par Jésus, saint Luc raconte: «Il les envoya proclamer le Royaume de Dieu et faire des guérisons» (Lc 9, 2). Guérir est une tâche primordiale confiée par Jésus à l’Église, suivant l’exemple donné par lui-même alors qu’il parcourait les routes du pays en guérissant. Certes, la tâche principale de l’Église est l’annonce du Royaume de Dieu. Mais justement cette annonce elle-même doit être un processus de guérison: «… guérir ceux qui ont le cœur brisé», a-t-il été dit aujourd’hui dans la première Lecture du prophète Isaïe (61, 1). L’annonce du Royaume de Dieu, de la bonté infinie de Dieu, doit susciter avant tout ceci: guérir le cœur blessé des hommes.

L’homme, de par sa propre essence, est un être en relation. Toutefois, si la relation fondamentale, la relation avec Dieu, est perturbée, alors tout le reste aussi est perturbé. Si notre rapport à Dieu est perturbé, si l’orientation fondamentale de notre être est erronée, nous ne pouvons pas non plus vraiment guérir dans le corps et dans l’âme. Pour cela, la guérison première et fondamentale advient dans la rencontre avec le Christ qui nous réconcilie avec Dieu et guérit notre cœur brisé.

Mais en plus de cette tâche centrale, la guérison concrète de la maladie et de la souffrance fait aussi partie de la mission essentielle de l’Église. L’huile pour l’Onction des malades est l’expression sacramentelle visible de cette mission. Depuis les débuts, l’appel à guérir a muri dans l’Église, ainsi que l’amour prévenant envers les personnes tourmentées dans le corps ou dans l’âme. C’est là une occasion de remercier pour une fois les sœurs et les frères qui, dans le monde entier, portent aux hommes un amour qui guérit, sans tenir compte de leur position ou de leur confession religieuse.

Le monde est traversé par un sillon lumineux de personnes, qui tire son origine de l’amour de Jésus pour les souffrants et les malades. C’est pourquoi nous remercions maintenant le Seigneur. C’est pourquoi, nous remercions tous ceux qui, en vertu de leur foi et de leur amour, se mettent aux côtés des souffrants, apportant ainsi, en fin de compte, un témoignage de la propre bonté de Dieu. L’huile pour l’Onction des malades est un signe de cette huile de la bonté du cœur, que ces personnes – avec leur compétence professionnelle – portent aux personnes qui souffrent. Sans parler du Christ, elles le manifestent.

En troisième lieu, il y a enfin la plus noble des huiles ecclésiales, le Saint chrême, une mixture d’huile d’olive et de parfums végétaux. C’est l’huile de l’onction sacerdotale et de l’onction royale, onctions qui se rattachent aux grandes traditions d’onction dans l’Ancienne Alliance.

Dans l’Église, cette huile sert surtout pour l’onction lors de la Confirmation et lors des Ordinations sacrées. La liturgie d’aujourd’hui associe à cette huile les paroles de promesse du prophète Isaïe: « Vous serez appelés ‘Prêtres du Seigneur’, on vous nommera ‘Ministres de notre Dieu’» (61, 6). Le prophète reprend par là la grande parole de charge et de promesse, que Dieu avait adressée à Israël au Sinaï: «Je vous tiendrai pour un royaume de prêtres, une nation sainte» (Ex 19, 6).

Dans le vaste monde et pour le vaste monde qui, en grande partie, ne connaissait pas Dieu, Israël devait être comme un sanctuaire de Dieu pour la totalité, il devait exercer une fonction sacerdotale pour le monde. Il devait conduire le monde vers Dieu, l’ouvrir à lui. Saint Pierre, dans sa grande catéchèse baptismale, a appliqué ce privilège et cette tâche d’Israël à l’entière communauté des baptisés, proclamant: «Mais vous, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis pour proclamer les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière, vous qui, jadis, n’étiez pas un peuple et qui êtes maintenant le Peuple de Dieu» (1 P 2, 9 s.). Le Baptême et la Confirmation constituent l’entrée dans ce peuple de Dieu, qui embrasse le monde entier; l’onction du Baptême et de la Confirmation est une onction qui introduit dans ce ministère sacerdotal en faveur de l’humanité. Les chrétiens sont un peuple sacerdotal pour le monde. Les chrétiens devraient rendre visible au monde le Dieu vivant, en témoigner et conduire à Lui.

Quand nous parlons de notre charge commune, en tant que baptisés, nous ne devons pas pour autant en tirer orgueil. C’est une question qui, à la fois, nous réjouit et nous préoccupe: sommes-nous vraiment le sanctuaire de Dieu dans le monde et pour le monde? Ouvrons-nous aux hommes l’accès à Dieu ou plutôt ne le cachons-nous pas ? Ne sommes-nous pas, nous – peuple de Dieu –, devenus en grande partie un peuple de l’incrédulité et de l’éloignement de Dieu?

Consacrés par l’Esprit en étant marqués du Saint Chrême, nous serons, jour après jour, invités à savoir décrypter les merveilles que Dieu continue à faire jaillir dans notre monde très proche.

Ces saintes huiles, bénies et consacrées dans cette Église Cathédrale, seront dès ce soir distribuées à tous les prêtres du diocèse. Tous ceux qui en seront marqués durant cette année, à commencer par les catéchumènes de nos communautés, seront ainsi  unis à cette même souche : le Christ, en vivant la communion avec leur Évêque.

 

Puisse cette célébration, à laquelle nous participons, nous aider à toujours mieux comprendre que c’est en Église que nous sommes dans ce pays, des témoins de ce Christ qui continue à nous faire passer de la mort à la vie.

Ô Marie, Sanctuaire de l’Esprit, Sainte Mère du souverain Prêtre et notre avocate auprès du Père, nous te prions pour la sanctification des prêtres et de tous ceux qui se destinent au sacerdoce.

Détache-les d’eux-mêmes et attache-les à Jésus Christ, ton Fils bien-aimé.

Obtiens-leur l’effusion des dons de l’Esprit-Saint pour qu’ils comprennent la grandeur et la dignité de leur vocation et vivent uniquement comme prêtres et victimes avec Jésus.

Notre Dame du Cénacle, nous faisons appel à ton intercession pour que notre monde soit renouvelé par un sacerdoce saint et sanctifiant, et qu’ainsi, ton Fils soit mieux connu et aimé, les hommes, sauvés, et Dieu, glorifié, dans les siècles des siècles.

Amen.

 

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