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Jeudi SAINT 2015: Fête de l’Eucharistie au Mont Carmel d’Etoudi

En ce jour du Jeudi Saint, le Seigneur Jésus, comme nous le disent les Evangiles, a institué le Saint Sacrement de l’Eucharistie, que nous célébrons régulièrement au cours de la Messe

Texte de Son Excellence Mgr Jean MBARGA,

 

Archevêque métropolitain de Yaoundé

Chers Religieuses !

Chers fidèles du Christ !

En ce jour du Jeudi Saint, le Seigneur Jésus, comme nous le disent les Evangiles, a institué le Saint Sacrement de l’Eucharistie, que nous célébrons régulièrement au cours de la Messe, la Messe qui est fondamentalement la Missa, la Mission, l’envoi en Mission.

L’Eucharistie est instituée par ces paroles du Christ : « Ceci est mon corps, livré pour vous » 1Co, 11« Cette coupe est la Nouvelle Alliance en mon sang, chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de Moi » 1Co 11, 23s. C’est cela le témoignage des premières communautés chrétiennes donné par Saint Paul l’Apôtre. Il nous rappelle aussi ‘‘la fraction du pain’’ dont parle les Actes des Apôtres, Ac. 2, 42. Ces paroles étaient propres aux assemblées eucharistiques.

Au-delà de ces acquis ecclésiaux, au-delà de ces richesses institutionnelles, ce qui est révélé dans le Saint Sacrement c’est l’accomplissement de cette promesse du Christ qui dit : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ».

Chaque Eucharistie est le don de la présence du Christ à chaque fidèle, à l’Eglise, au monde.

Chaque Eucharistie signifie que ‘‘Jésus est avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps’’ ! Disons simplement : « Jésus est là, vivant maintenant au milieu de nous ».

Ce soir du Jeudi Saint, nous voulons accueillir solennellement sa présence avec nous et en nous, et en approfondir le riche message. Fêter la présence de Jésus, c’est poser un certain nombre d’actes. Privilégions quelques-uns.

v L’acte qui va dominer cette soirée de prière, c’est l’Adoration.

L’Adoration est fondamentale, elle est en lien avec le tabernacle. En réalité, c’est par le tabernacle que nous adorons Jésus ! Il y a plusieurs tabernacles de Jésus, on en parle pas souvent, c’est par là que Jésus communique sa présence.

Sainte Thérèse de Lisieux nous a laissé une prière à Jésus au Tabernacle.

Elle commence en ces termes : « O Dieu caché dans la prison du tabernacle, c’est avec bonheur que je reviens près de vous chaque soir, afin de vous remercier des grâces que vous m’avez accordées et d’implorer mon pardon pour les fautes que j’ai commises pendant la journée qui vient de s’écouler comme un songe », Œuvres complètes, pp 964-965.

Ici, c’est clair, le tabernacle est Jésus. Sainte Thérèse se recueille devant le tabernacle pour adorer Jésus, lui parler, le prier, car il est là. Ce témoignage de Sainte Thérèse de Lisieux est édifiant pour l’exemple de foi en Jésus présent ; le reste de cette prière est bien explicite à ce sujet !

Si le tabernacle est ce lieu où est enfermé Jésus, alors, il y a plusieurs tabernacles :

Ø Le premier est celui du sein de la Vierge Marie.

Le Pape François évoque dans Evangelii Gaudium ce tabernacle maternel. Cela veut dire qu’on peut aller à Jésus par Marie. Le lien spirituel que nous avons avec la Vierge Marie va bien au-delà de sa personne ; par elle, nous adorons Jésus.

Ø L’autre tabernacle significatif, c’est la crèche de Jésus.

Couché dans cette crèche dont parle l’Evangéliste Lc 2, 7, c’est là que Joseph et Marie, les anges du Ciel, les bergers et plus tard les Rois Mages adorèrent Jésus : « Ils virent l’enfant avec Marie sa Mère, et se prosternèrent, ils lui rendirent hommage » Mt 2, 11. La crèche, c’est Noël, c’est aussi le tabernacle de Jésus ! A Noël, c’est l’Emmanuel, Dieu avec nous !

Ø Cet autre tabernacle, où Jésus enferme sa présence, c’est la Croix.

L’impressionnante image de la Pièta nous donne un Christ prisonnier sur la Croix, près de laquelle se tiennent ses amis, ses disciples et particulièrement nommés par l’Evangéliste Jean : « Sa Mère Marie, la sœur de sa Mère, Marie femme de Cléophas, Marie de Magdala et aussi Jean le disciple qu’il aimait ». Chaque crucifix voit, écoute et parle : « Femme, voici ton fils » ! « Jean, voici ta mère » ! Le christ en croix crée la communion, la communauté, l’Eglise. Le Christ en Croix est vivant. Le Pape François nous recommande dans Evangelii Gaudium de parler à Jésus devant le Crucifix. La dévotion de Sainte Thérèse à la Sainte Face veut dire, selon ses propres mots : « Voir Jésus, Face à Face » O.C. p.962. Sa prière de consécration à la Sainte Face est une parole forte au Christ vivant.

Ø L’autre tabernacle, c’est le tombeau de Jésus.

Jésus est mis au tombeau, preuve de sa mort, mort par amour, mort pour nos péchés ! Mais aussi lieu de victoire, victoire de l’amour sur la mort, victoire de l’amour sur nos péchés. Ainsi l’Eucharistie qui commémore cette mort et cette victoire est bien le don de la présence du Christ à l’humanité. Par l’Eucharistie qui assume le tombeau fermé et le tombeau ouvert ; le tombeau de la mort et le tombeau du ressuscité, nous adorons le Christ !

Quand on visite à Jérusalem, le Saint Sépulcre, on se prosterne, on touche, on embrasse d’un baiser ce tombeau du salut. Le tabernacle est signe du tombeau du Christ vivant. Demain Vendredi Saint, nous continuons l’Adoration du tabernacle du Tombeau !

Au-delà de ces tabernacles physiques, les communautés post pascales ont fait la belle expérience du Christ vivant, dans le monde de l’Invisible ; par ces apparitions, Jésus révèle qu’il vit, qu’il est présent dans un autre monde qui échappe à nos yeux naturels. Ce « tabernacle invisible » est la source de la foi au Ressuscité : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu » Jn 21, 29 ; comme s’il voyait l’invisible, selon la belle expression de l’Epître aux Hébreux qui vante la foi, He 11, 27. Avec Saint Paul, nous sommes de cette génération de l’après-Pâques qui croit au Christ, dans l’invisible. Notre foi nous montre le Christ vivant ; notre foi est notre tabernacle.

Ø Enfin cet autre tabernacle du Christ, c’est le Ciel : « Il est monté aux cieux et est assis à la droite du Père » !

Le ciel nous a enlevé Jésus de la terre, oui ! Le Jésus physique, mais pas le Ressuscité. La vision du ciel que nous donne le livre de l’Apocalypse nous révèle le « ciel des Hosannas », la Jérusalem Céleste, les élus du ciel « qui se prosternent devant le trône, la Face contre terre, pour adorer Dieu » Ap 7, 9.

« Amen ! Louange, gloire, sagesse, action de grâces, honneur, puissance et force à notre Dieu pour les siècles des siècles. Amen » ! Ap 7, 9.

La Jérusalem, la cité des élus, cette Jérusalem et aussi au terme « La Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel d’auprès de Dieu, toute belle comme une épouse. C’est cette demeure de Dieu parmi les hommes » ; Ap 21, 3. Cette Jérusalem est au ciel, c’est la cité céleste où le Christ est Roi, cette Jérusalem est sur la terre où le Christ est présent dans son Eglise.

Ø Le dernier tabernacle, non mais le plus important, c’est toi et moi, c’est l’homme, comme le dit Saint Paul : « Nous sommes les temples du Seigneur ».

Le Christ habite en nos cœurs. L’autre c’est l’alter Christo ! Le pauvre, l’enfant, le malade, le prisonnier, le démuni ; c’est le Christ. Adorons le Christ qui est l’autre par la charité, l’amour, la compassion et la communion.

Que de beaux tabernacles nous venons de découvrir et de contempler ! Alors aujourd’hui, c’est notre façon de christianiser la fête des tabernacles bien connue dans l’Ancien testament, autrement appelé, la « fête des tentes » ou la « fête de la récolte » Ex 23, 14. Elle était célébrée en fin d’année !

Elle était populaire, on y faisait des tentes pour rappeler les campements d’Israël au désert. Elle venait à la fin d’année, à la saison des fruits. C’était la fête !

Soyons en fête, les yeux dans l’adoration, tournés vers le Christ ! Sur ce sujet !

C’est l’épître aux Hébreux qui nous indique le chemin. Elle dit en somme ceci (cf. He 13, 10ss) : « Nous chrétiens, nous avons un autel différent de celui des prêtres de l’Ancien Testament qui célèbrent la fête des tabernacles (tentes) où il faisait un rite d’expiation avec le sang des animaux ». Notre autel des chrétiens, c’est que « Jésus lui aussi, pour sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Par lui, offrons à Dieu un sacrifice de louange en tout temps, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom » cf. He 13, 11ss.

Allons vers tous les tabernacles où nous adorons Jésus.

Construisons tous des tentes où il vient habiter parmi nous.

Offrons-lui toute la récolte que nous avons.

Voilà le sens de cette fête de l’Eucharistie.

Aujourd’hui qui ouvre d’énormes voies à notre spiritualité Eucharistique. Allons à Jésus par toutes ces voies, parlons lui, parlons de lui, parlons en son nom pour vivre et célébrer chaque jour une seule et même réalité, le Christ Jésus notre Seigneur est avec nous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps ». Amen !

 

 

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