05
Mar 2012
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Révérends pères,

Révérendes sœurs,

Jeudi dernier, 02 février 2012, l’Eglise a fêté la présentation du Seigneur au temple. Le Bienheureux Jean Paul II a eu la sagesse de décider en 1996, de consacrer la date du 02 février journée de la vie consacrée. Cette fête, nous la marquons aujourd’hui et c’est un réel plaisir, une joie pour moi de partager ces moments de prière et de méditation avec vous qui vous êtes consacrés au Seigneur de façon spéciale pour le service du monde et de l’Eglise.

 

Je voudrais tout d’abord saluer le travail que le bureau diocésain des religieux accomplit. Je salue avec déférence l’engagement du Père Gabriel NAÏKOUA et de la Sœur Marie Pierre ETOUNDI, sans oublier les autres membres de l’équipe. Merci pour cette bonne collaboration.

Le comité diocésain des Religieux sollicite la compétence et la disponibilité d’une Religieuse et d’un Père pour parler de Formes officielles de vie consacrée et leurs caractéristiques.

Merci à la Sœur Angèle MAKIANG, Directrice de l’ITPR et le Père Jean Marie SIGNIE, Chef du Département de Droit Canonique à l’UCAC.

Leurs exposés canoniques d’un très haut niveau ont sûrement apporté à nous tous des informations claires et sûres sur les dites formes officielles. Vos applaudissements tout à l’heure l’ont confirmé.

Ne serait-il pas indiqué que ces deux exposés soient rassemblés en une plaquette et mis à la disposition de tous ; c’est un vœu que je formule.

Je serais heureux de recevoir ce comité diocésain des Religieux le jeudi, 23 février 2012 à ma résidence.

Je vous remercie infiniment car en m’invitant ici aujourd’hui, vous me donnez une fois de plus l’opportunité de me situer par rapport aux diverses formes de la vie consacrée. C’est l’occasion pour moi de vous encourager dans l’engagement à la suite du Christ à travers les multiples tâches que vous accomplissez dans ce diocèse et ailleurs.

Comme je le disais tantôt, pour la journée des consacrés de cette année 2012, vous avez choisi de rappeler les formes de vie consacrée que l’Eglise reconnait officiellement, pour mieux raviver votre engagement personnel et en même temps mieux cerner les contours de l’engagement des autres dans les différentes relations que vous entretenez avec le Diocèse. C’est une idée louable, parce qu’elle vous permet de mieux vous connaître vous-mêmes et d’améliorer votre apport dans la construction commune de l’Eglise Catholique qui est en Afrique.

Le Pape Benoît XVI tout en reconnaissant la diversité des charismes de la vie consacrée, ne manque pas de nous rappeler des vérités fondamentales de votre consécration que je ne saurais contourner. Il nous dit en effet dans Africae Munus n° 64 « Je vous encourage à mettre Jésus-Christ au centre de toute votre vie par la prière mais aussi par les Saintes Ecritures, la pratique des sacrements, la formation à la doctrine sociale de l’Eglise … Cultivez en vous l’aspiration vers la fraternité, la justice et la paix. L’avenir est entre les mains de ceux qui savent trouver de fortes raisons de vivre et d’espérer. Si vous le voulez, l’avenir est entre vos mains, car les dons que le Seigneur a déposés en chacun de vous, façonné par la rencontre avec le Christ, peuvent apporter une espérance authentique au monde. Quand il s’agit de vous orienter dans votre choix de vie, quand la question d’une consécration totale se pose à vous, par le sacerdoce ministériel ou la vie consacrée, appuyez vous sur le Christ, prenez-le pour modèle et écoutez sa parole en la méditant régulièrement » A. M. 63-64.

Ces paroles qui s’adressent prioritairement aux jeunes concernent aussi à un très haut point les personnes consacrées car, ajoute le Saint Père : « Celui qui fait entrer le Christ dans sa vie ne perd rien, rien – absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande ! Dans cette amitié seulement s’ouvrent largement les portes de la vie ».

Il me semble essentiel que les personnes consacrées nouent une vraie amitié pleine de confiance avec Jésus et qu’ils bâtissent cette vie consacrée autour des vœux, la vie communautaire. Alors les paroles du Saint Père auront encore plus de pertinence et c’est cette pertinence que je relève au n° 117 de Africae Munus :

« 117. Par les vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance, la vie des personnes consacrées est devenue un témoignage prophétique. Elles peuvent être ainsi des modèles en matière de réconciliation, de justice et de paix, même dans des circonstances de fortes tensions.[171] La vie communautaire montre qu’il est possible de vivre fraternellement et d’être unis, même là où les origines ethniques ou raciales sont différentes (cf. Ps 133,1). Elle peut et doit donner à voir et à croire qu’aujourd’hui en Afrique, ceux et celles qui suivent le Christ Jésus trouvent en Lui le secret de la joie du vivre ensemble : l’amour mutuel et la communion fraternelle, quotidiennement consolidés par l’Eucharistie et la Liturgie des Heures. »

Le saint Père encourage ainsi la vie communautaire et en même temps invite à la joie du partage. Le texte d’Evangile que nous venons de suivre, nous parle de la présentation de Jésus au temple. C’est la consécration de l’homme Jésus à Dieu. En réalité, les parents de Jésus viennent reconnaître l’appartenance éternelle de Jésus au Père. Avec cet enfant on assiste à la révélation du rôle de Marie sa mère dans le plan du salut. L’enfant sera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël, et toi Marie, un glaive te transpercera l’âme. Quelle grande prophétie ! Elle est certainement difficile à assumer, mais Marie reste disponible à la volonté de Dieu.

Or, Jésus nous est présenté comme le modèle par excellence de notre consécration à tous. En regardant vers lui, nous décélons la grandeur de l’appartenance totale à Dieu. Le silence de Marie, loin d’être une faiblesse, exhale le parfum de l’Esprit divin qui permet à l’homme de participer joyeusement au plan de Dieu. Le don de Jésus à Dieu est définitif, et je peux affirmer qu’il n’y a pas de consécration réelle sans obéissance totale et sans réserve à Dieu.

Il est très beau de voir les témoins de l’Ancien Testament qui se trouvent au temple au moment de la présentation de Jésus. Le vieux Siméon, la prophétesse Anne, elle aussi avancée en âge. Nous avons toutes les générations réunies, les deux vieillards, les parents de Jésus dans leur jeunesse et le bébé de 40 jours. Toutes ces générations reconnaissent les merveilles de Dieu et témoignent de la grandeur de sa miséricorde. Ainsi le consacré est avant tout un témoin de la miséricorde divine. C’est un don inestimable que de se sentir appelé par Dieu et de pouvoir y répondre de toute son âme, en accepter de servir Dieu selon un charisme particulier, un charisme dont le Saint Père reconnaît la beauté et le splendeur.

Voici ce que le Pape Benoît XVI dit à ce sujet dans Africae Munus, n° 118 :

« Puissiez-vous, chères personnes consacrées, continuer à vivre votre charisme avec un zèle vraiment apostolique dans les différents domaines indiqués par vos fondateurs ! Vous mettrez ainsi plus de soin à garder votre lampe allumée ! Vos fondateurs ont voulu suivre le Christ en vérité en répondant à son appel. Diverses œuvres qui en sont le fruit, sont des joyaux qui ornent l’Église. Il convient donc de les développer en suivant le plus fidèlement possible le charisme de vos fondateurs, leurs pensées et leurs projets. Je voudrais ici souligner la part importante des personnes consacrées dans la vie ecclésiale et missionnaire. Elles sont une aide nécessaire et précieuse à l’activité pastorale mais aussi une manifestation de la nature intime de la vocation chrétienne. C’est pourquoi je vous invite, chères personnes consacrées, à rester en communion étroite avec l’Église locale et son premier responsable, l’Évêque. Je vous invite également à fortifier votre communion avec l’Évêque de Rome. » (Africae Munus 118).

Il me plaît de souligner l’invitation du Saint-Père à vivre la collaboration étroite avec l’Eglise locale. De fait, il n’y a pas de vie religieuse qui échappe aux contingences spatio-temporelles, elle est toujours incarnée dans un un milieu donné, dans un contexte donné et se développe dans un cadre précis. C’est au service du même peuple que nous sommes tous envoyés. D’où la nécessité de vivre une unité de vision et de renforcer les liens de collaboration. Les consacrés qui sont dans un Diocèse se doivent de partager les mêmes visions pastorales, d’appliquer les mêmes consignes pour donner une plus grande efficacité à la pastorale d’ensemble. Autrement dit, les particularités de chaque charisme, ne sauront taire la vision globale d’une pastorale diocésaine. Je vous invite donc à vous imprégner de la vision pastorale de notre Diocèse, pour mieux servir le peuple de Dieu qui est à Yaoundé. Nous avons déjà une bonne collaboration et nous travaillons ensemble dans différents domaines, mais il ne sera jamais de trop de rappeler l’unité de convergence de nos activités pastorales autour du plan pastoral du diocèse. Mais cela ne met pas en cause la diversité ni la spécificité des dons de l’esprit reçus par les différents fondateurs de nos instituts. J’emprunte encore les mots du Saint Père pour formuler pour les consacrés une intention de prière :

« Puisse le Seigneur bénir les hommes et les femmes qui ont décidé de Le suivre de manière inconditionnelle ! Leur vie cachée est comme le levain dans la pâte. Leur prière continuelle soutiendra l’effort apostolique des Évêques, des prêtres, des autres personnes consacrées, des catéchistes et de toute l’Église. » (A.M. 119)

Puisse Le Seigneur nous aider à vivre chaque jour plus de fraternité et de solidarité dans la vigne du Seigneur.

Bonne fête à tous.

AMEN !