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2012
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Father Antoine Roger EVOUNA, Recteur de la Cathédrale Notre-Dame-des-Victoires de Yaoundé !

Chers Confrères dans le Sacerdoce !

Chers Membres des familles respectives de

Alix Madeleine et d’Armand !

Bien-Aimés de Dieu !

Qu’il est bon, qu’il est doux, qu’il est grand d’habiter en frères tous ensemble et d’être unis…. (Ps 132, 1)

Armand et Alix Madeleine ont décidé aujourd’hui de concrétiser leur rêve d’amour et de communion en le consacrant au Seigneur, en scellant leur union matrimoniale dans le sang de l’Agneau.

L’amitié qui est née entre eux, qu’ils ont longuement entretenue, a maintenant grandi. Elle a été fécondée par la grâce de Dieu. Elle porte aujourd’hui des fruits que nous voulons durables.

Nous vivons en effet dans un monde d’une richesse sans précédent, grâce à la découverte de la diversité des cultures et des spiritualités.

Nous  connaissons dans notre vie quotidienne des occasions inépuisables de rencontre.

Certains les vivent comme une menace pour leur identité, leur appartenance, leur foi même. D’autres comme une source étonnante d’enrichissement, d’ouverture, d’amitié.

Ne serait-ce pas le cas d’Alix Madeleine et d’Armand qui célèbrent en ce jour, et de manière toute spéciale, le couronnement de leurs quatorze ans d’amitié en la consacrant au Seigneur par les liens indissolubles du mariage. J’ai bien dit : « liens indissolubles du mariage ». Une affirmation centrale que nous recevons du Maître, écoutons plutôt.

Un jour les Pharisiens s’avancèrent vers Jésus et dirent pour lui tendre un piège : « est-il permis de répudier sa femme, pour n’importe quel problème ? N’avez-vous pas lu que le Créateur au commencement les fît mal et femelle et qu’il a dit : c’est pourquoi l’homme quittera son père et s’attachera à sa femme et les deux ne feront qu’une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux mais une seule chair. Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni ».

Cet enseignement que l’Eglise reçoit de l’Evangile a été codifié de telle sorte que l’Eglise considère la recommandation de Jésus comme une Loi pour les chrétiens. C’est pourquoi le (Can. 1055, §1et 2) dit :

« L’alliance matrimoniale, par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une communauté de toute la vie, ordonnée par son caractère naturel au bien des conjoints ainsi qu’à la génération et à l’éducation des enfants, a été élevée entre baptisés par le Christ Seigneur à la dignité de sacrement. C’est pourquoi, entre baptisés, il ne peut exister de contrat matrimonial valide qui ne soit, par le fait même, un sacrement ».

Le mariage n’est pas une institution purement humaine, malgré les variations nombreuses qu’il a pu subir au cours des âges, dans les différentes cultures, structures sociales et attitudes spirituelles. Ces diversités ne doivent pas faire oublier les traits communs et permanents qu’il renferme. Bien que la dignité de cette institution ne transparaisse pas partout avec la même clarté, il existe cependant dans toutes les cultures un certain sens pour la grandeur de l’union matrimoniale.

Car le bien-être de la personne et de la société est étroitement lié à la prospérité de la communauté conjugale et familiale.

Le Magistère de l’Eglise continue à se pencher sur la réalité du mariage qui est l’un des plus grands sacrements de l’Eglise. Je voudrais donc inviter un grand témoin de ce Magistère nous donner un enseignement de haut niveau sur l’amour conjugale et le mariage. Il s’agit du Pape Paul VI dans un document resté très célèbre intitulé Humanae Vitae : « Dieu créa l’homme à son image, homme et femme il les créa »

L’amour conjugal révèle sa vraie nature et sa vraie noblesse quand on le considère dans sa source suprême, Dieu qui est amour, le Père de qui toute paternité tire son nom, au ciel et sur la terre.

Le mariage n’est donc pas l’effet du hasard ou un produit de l’évolution de forces naturelles inconscientes : c’est une sage institution du Créateur pour réaliser dans l’humanité son dessein d’amour. Par le moyen de la donation personnelle réciproque, qui leur est propre et exclusive, les époux tendent à la communion de leurs êtres en vue d’un mutuel perfectionnement personnel pour collaborer avec Dieu à la génération et à l’éducation de nouvelles vies. De plus, pour les baptisés, le mariage revêt la dignité de signe sacramentel de la grâce, en tant qu’il représente l’union du Christ et de l’Eglise.

De là ressortent les exigences caractéristiques de l’amour conjugal :

1-         L’amour conjugal est un amour pleinement humain

C’est-à-dire sensible et spirituel. Ce n’est donc pas un simple transport d’instinct et de sentiments, mais aussi et surtout un acte de la volonté libre, destiné à se maintenir et à grandir à travers les joies et les douleurs de la vie quotidienne, de sorte que les époux deviennent un seul cœur et une seule âme et atteignent ensemble leur perfection humaine.

2-         L’amour conjugal est un amour total

C’est-à-dire une forme toute spéciale d’amitié personnelle, par laquelle les époux partagent généreusement toutes choses, sans réserves indus ni calculs égoïstes. Qui aime vraiment son conjoint ne l’aime pas seulement pour ce qu’il reçoit de lui, mais pour lui-même, heureux de pouvoir l’enrichir du don de soi.

3-         L’amour conjugal est un amour fidèle et exclusif jusqu’à la mort

C’est bien ainsi, en effet, que le conçoivent l’époux et l’épouse le jour où ils assument librement et en pleine conscience l’engagement du lien matrimonial. Fidélité qui peut parfois être difficile, mais qui est toujours possible et toujours noble et méritoire, nul ne peut le nier. L’exemple de tant d’époux à travers les siècles prouve non seulement qu’elle est conforme à la nature du mariage, mais encore qu’elle est source de bonheur profond et durable.

4-         L’amour conjugal est un amour fécond

Qui ne s’épuise pas dans la communion entre époux, mais qui est destiné à se continuer en suscitant de nouvelles vies.

La fécondité de l’amour conjugal s’étend aux fruits de la vie morale, spirituelle et surnaturelle que les parents transmettent à leurs enfants par l’éducation.

Les parents sont les principaux et premiers éducateurs de leurs enfants. En ce sens, la tâche fondamentale du mariage et de la famille est d’être au service de la vie.

Le mariage se fonde sur le consentement des contractants c’est-à-dire sur la volonté de se donner mutuellement et définitivement dans le but de vivre une alliance d’amour fidèle et fécond.

L’indissolubilité et l’ouverture à la fécondité sont essentielles au mariage. La polygamie est incompatible avec l’unité du mariage ; le divorce sépare ce que Dieu a uni ; le refus de la fécondité détourne la vie conjugale de son « don meilleur», l’enfant.

Leur expérience d’amour fidèle n’est-elle pas un écho de l’amour de la femme fidèle, bonheur pour son bon mari dont nous parle la première lecture (Si 26 : 1-4, 13-16).

Le livre l’Ecclésiastique ou encore Ben Sirac le sage a été  écrit en hébreu vers les années 180-190 avant Jésus Christ.

Pourquoi dans le passage que nous avons lu tout à l’heure, le Siracide insiste-il tant sur la femme ?

Plusieurs raisons peuvent être convoquées pour mieux le comprendre. La femme est la vie. Lorsque Adam se réveille de son profond sommeil et qu’il voit à ses côtés un être créé par Dieu qui lui était assorti, il déclara sur le coup : « voici l’os de mes os et la chair de ma chair ». La femme c’est la vie, Adam le confirme. La femme est le vis-à-vis de l’homme. Mieux encore, un autre lui-même. En hébreu, deux termes le traduisent parfaitement : l’homme est ISH et la femme ISHA. L’homme et la femme sont de même nature, les personnes humaines de même condition créées par Dieu ; de même destination, appelées à la sainteté ; physiologiquement différents, pour une harmonieuse complémentarité pour poursuivre l’œuvre de Dieu qui est amour et procréation.

La femme brille davantage pour ce qu’elle est que pour ce qu’elle a. Quand Siracide l’appelle femme épouse, il lui donne une valeur inestimable et cette grâce inestimable sont ses talents et ses vertus à savoir, une femme travailleuse, pieuse, bien préparée à sa tâche de femme. Une femme discrète, une femme qui sait se maîtriser, une femme dont la manière d’être fait la joie de son mari et c’est ce qui fait sa grâce qui peut être physique mais davantage spirituelle.

Alix Madeleine,

C’est cette femme là que vous êtes appelée à être si vous ne l’êtes pas déjà, au moins en partie sinon vous serez cette femme avec la grâce du sacrement reçu aujourd’hui.

En le disant, je ne voudrais pas ravaler le rôle de l’homme à un niveau inférieur bien au contraire, l’Apôtre Paul nous l’enseigne de manière vigoureuse quand il dit : « que chacun de nous chercher à faire  ce qui convient à son prochain en vue d’un bien vraiment constructif ». Le bien constructif dont il s’agit ici c’est un ensemble de qualités qu’on aimerait retrouver surtout chez l’homme.

1/ Savoir écouter

Mon cher Armand,

Oui ! Que de fois il arrive aux hommes de s’écouter au lieu d’écouter. Parce que les hommes ne prennent pas toujours le temps d’écouter les autres et parfois ils pensent même que la femme n’a rien à dire. Son rôle c’est d’obéir. Mon cher Armand, il importe de bien écouter l’autre pour mieux comprendre son vécu, ses réactions et éviter ainsi les malentendus.

2/ Avoir de la patience

Mon cher Armand, tu auras de la patience dans ton foyer. Cette patience vient d’une très grande capacité d’écoute mais aussi d’une très grande capacité de compréhension.

3/ Savoir se remettre en question

Mon cher Armand, tu sauras te remettre en question parce que tu es un être faible et limité. Tu n’oublieras jamais que nul n’est juge en sa propre cause. Tu laisseras Alix Madeleine te dire les quatre vérités avec amour dans votre chambre conjugale parce que c’est aussi son devoir de t’aider à grandir dans l’amour.

4/ Parler franc

Mon cher Armand, tu seras franc et transparent. Tu te montreras loyal. Je t’invite à tenir à tes engagements. Evite ce que notre tradition a l’habitude d’enseigner à savoir, qu’il n’y a pas de colline à la gorge : ce qui veut dire qu’on peut dire une chose et son contraire en même temps, en mentant allègrement. Mon cher Armand, évite le mensonge facile qui détruit le couple.

Mon cher Armand, sache faire confiance à ta femme Alix.

Un grand penseur Ralph WALDO EMERSON disait : « faites confiance aux hommes, ils vous seront fidèles ; traitez-les avec considération et ils se montreront grands ». Mon cher Armand, veux-tu être grand ? Evite la mesquinerie et sache situer la relation avec ton épouse à un très haut niveau parce que vous avez grandi dans l’amour après une longue période d’observation.

En effet, vous vous connaissez depuis quatorze ans et ce n’est pas peu. Ceux qui deviennent prêtres passent quatorze ans aux petit et grand séminaires. Vous venez de passer quatorze ans à vous observer. Votre séminaire de fiançailles peut donc aboutir à un mariage réussi.

Chère Alix Madeleine, Cher Armand,

Pendant quatorze ans, vous avez eu à traverser des fragilités, des écueils, des incertitudes et des vents contraires qui se sont butés sur votre relation, mais elles n’ont point eu raison de l’amour mutuel qui existe entre vous deux. Par votre amour, vous montrez à souhait que l’amour ne saurait que durer.

 

Votre amour, au regard de son parcours depuis le collège Victor Hugo en 1997-1998 jusqu’à ce jour a mûri et a grandi. Il est passé de l’amour Eros à l’amour agape en passant par l’amour philia, amour d’amitié.

 

Pour un amour vrai et sincère, on perçoit, on s’assoit, on conçoit, on se reçoit mutuellement. Sans une bonne perception des valeurs, valeurs conçues ici comme impacts positifs – on ne conçoit rien sans valeurs, affirme Ewards de Bono dans, Les Médailles de la décision, p. 19 Reposez votre amour sur la médaille d’or que sont les valeurs humaines, les valeurs qui affectent les individus (cf Ibid.)

 

En l’absence des valeurs humaines, ce sont l’exploitation, l’esclavage et la tyrannie qui règnent. Tout l’objet de la civilisation est de promouvoir les valeurs humaines. Edward de Bono, Ibid., P. 51.

 

Chers Fidèles du Christ,

 

En achevant cette méditation, je voudrais convier Alix et Armand à mettre au cœur de leur vie une incessante prière de louange et d’action de grâce. Oui ! C’est une grâce que de rencontrer l’homme de sa vie. Oui ! C’est une grâce que de rencontrer la femme de sa vie. Ne cessez jamais de rendre grâce à Dieu pour le don de l’amour que Dieu vous fait aujourd’hui. C’est le même don qu’il a fait à vos parents, celui de l’amour et de la fidélité.

 

Oui ! Voyez combien vos parents s’aiment ! Voyez comment les témoins que vous avez choisis pour ce mariage s’aiment ! Imitez-les, surtout vous n’avez pas le droit de vivre autrement qu’en prenant l’exemple sur vos parents respectifs et sur les témoins de votre mariage.

 

Cher Armand, chère Alix Madeleine,

Aimez-vous du même amour que Dieu vous aime. Je voudrais maintenant conclure cette méditation en vous confiant à Sainte Marie Mère de Dieu, Notre-Dame du bel amour :

 

Notre Dame du Bel-Amour, nous venons humblement te confier l’union matrimoniale entre Alix Madeleine et Armand, obtiens leur un cœur semblable au tien, une charité sans cesse inventive, une foi solide capable d’affronter toutes les situations de la vie. Présente les tous les jours, ainsi que leurs belles familles respectives, leurs enfants, leurs témoins et amis à l’Autel de ton fils Jésus Christ Notre Seigneur. Amen.

 

LOUE SOIT JESUS CHRIST !