02
Avr 2012
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Écrit par Administrator

Révérend Père Paulin BEWA curé de la paroisse St Raphaël et Tobie d’Oliga,

Révérendes sœur,

Vénérables membres des conseils paroissiaux,

Chers membres des associations et des Bikoan,

Chers jeunes,

Chers confirmands,

Bien aimés de Dieu,

La paix soit avec vous !

Je viens comme les autres fois, vous apporter réconfort et encouragement. Je voudrais tout d’abord dire merci au Curé, pour le travail qu’il réalise au quotidien avec vous. Merci aux différents conseils de la paroisse pour l’appui en réflexion que vous apportez à vos pasteurs. Je remercie le président délégué pour le mot d’accueil et la présentation de la réalité paroissiale qu’il vient de me faire. Merci au peuple Mvog Betsi autochtone de cette paroisse pour l’accueil que vous avez fait à la religion catholique sur votre territoire et pour votre grande ouverture à accueillir d’autres peuples. Je suis heureux que le curé ait pensé à garder une messe en langue Beti pour tenir vive la mémoire de notre provenance et de notre destination. L’accueil en effet fait parti de ces vertus que le Seigneur encourage, parce qu’il conduit à l’unité, fruit de l’engagement de l’homme à la suite de Dieu. Déjà la première lecture souligne cette unité du peuple autour de son Seigneur à partir de l’observation de la loi. Malgré le péché du peuple, Dieu prend l’initiative de sa purification. Tout comme dans toutes les situations de réparation de notre vie, c’est Dieu qui fait le premier pas, c’est lui qui appelle des ténèbres à son admirable lumière. C’est lui qui, pour sauver l’humanité offre sa miséricorde à ceux qui répondent à son interpellation. Le livre d’Ezékiel nous présente en effet une grande image du langage biblique en appelant Dieu « pasteur ». Comme le souligne si bien le Pape Benoît XVI,

« Cette image a profondément marqué la piété d’Israël, elle est devenue un message de consolation et de confiance, surtout dans les moments de détresse. » « Face aux pasteurs égoïstes qu’Ezékiel trouve et dénonce à son époque, il proclame la promesse que Dieu lui-même chercherait ses brebis pour en prendre soin. » (Jésus de Nazareth, t 1, p. 309)

Nous constatons que l’image du pasteur souligne le gouvernement de Dieu sur son peuple. C’est en recherchant son bien, son unité que Dieu se montre un roi juste. Êtres libres, nous sommes appelés à répondre à l’appel d’unité que le Seigneur nous adresse en acceptant au quotidien qu’il soit pour nous un Dieu. Le texte d’Ezékiel souligne avec force le témoignage qui découle de l’unité du peuple. « Et les nations sauront que je suis le Seigneur qui sanctifie Israël… » (EZ 37, 28)

 

Bien aimés de Dieu,

Nous saurons que nous sommes fils de Dieu par la recherche de l’unité dans toutes nos actions. Il s’agit d’une unité qui sauve la diversité parce qu’elle respecte chacun en tant que créature du très haut. « Si tu regardes la terre, tu verras la trace de Dieu, mais si tu regardes ton frère, tu verras la face de Dieu » peut on lire dans un vieux texte anonyme des premiers siècles chrétiens. En effet l’incapacité de regarder le prochain comme un frère, enferme le cœur de l’humain dans un égocentrisme qui l’éloigne chaque jour un peu plus de Dieu et par conséquence, du salut qu’il peu attendre de lui.

 

Chers frères et sœurs,

Regardons maintenant comment Jésus incarne l’image vétérotestamentaire du pasteur qui unit en offrant sa propre vie. Jésus vient de ressusciter Lazare et le nombre de ceux qui croient en lui augmente considérablement. Les Pharisiens et les prêtres étaient déjà inquiets d’entendre parler de Jésus et de voir les prodiges qu’il accomplissait. Voilà qu’il commence à ressusciter des morts, il y a vraiment de quoi se sentir menacé dans la position de privilège qu’ils avaient au milieu de ce peuple. Les intérêts dits de la nation sont en jeux, il vaut mieux éliminer ce Jésus avant qu’il n’attire à lui tout le peuple. Les adversaires de Jésus semblent défendre le peuple contre la colère des romains qui pourraient le disperser et le détruire. Leur inquiétude touche ce qu’il y a de plus fondamental : Jésus menace la religion telle qu’ils la connaissent et la vivent. Il leur appartient donc de la défendre contre cet homme qui accomplit signes et prodiges. Vu sous cet angle, il est légitime que Jésus meurt pour sauver un plus grand nombre et c’est la position de Caïphe : « vous n’y entendez rien ; vous ne voyez pas qu’il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple, afin d’éviter que la nation ne périsse tout entière. » (11, 50) Mais l’inquiétude des uns et le raisonnement des autres sont toujours portés par le même souci de défendre leur vie ou leurs idées. Ainsi nous faisons souvent passer nos intérêts personnels pour des préoccupations communautaires. Nous comprenons par le fait même la nécessité d’avoir un regard ouvert à la vérité pour sortir de l’enferment du moi égoïste. Jésus devient la victime expiatoire pour le salut du peuple Juif, mais le prêtre Caïphe ne savait pas si bien dire, la mort de Jésus prend un sens plus profond qu’il ne l’imagine.

Jésus en effet rassemble en un seul peuple tous les enfants de Dieu dispersés. Nous retrouvons là, Jésus dans le passage que nous avons lu dimanche dernier : « Et quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » Ce sont donc les bras ouvert de Jésus qui vous invitent à vivre en frère pour renforcer les liens d’unité et construire ensemble une vraie communauté paroissiale.

Contrairement au complot de ses détracteurs, Jésus ne sauve pas la nation de la menace d’autres peuples. Il la sauve avec, et pour l’humanité entière réconciliée par sa croix. À la veille de la semaine sainte, l’Église ressaisit le mystère de notre salut dans ce renversement radical : par la libre offrande de lui-même, le Christ transforme la mort qu’il subit en puissance de résurrection pour le monde. À sa suite, le disciple entre dans cette dynamique pascale, car il a foi : «Qui perdra sa vie à cause de moi, la trouvera» (Mt 16,25).

 

Chers confirmands,

Vous allez recevoir tout à l’heure le sacrement de confirmation, vous êtes appelés à vous engager résolument à la suite du Christ tout en vous rappelant que le disciple n’est pas plus grand que son maître. C'est-à-dire que celui qui suit un maître crucifié n’échappera pas à la croix. Vous n’allez donc pas courir après des idoles à la recherche des solutions faciles. L’objectif de Jésus n’a pas été de nous éloigner de toute difficulté dans la vie, au contraire il nous enseigne comment affronter la souffrance. Comme nous venons de le voir, Jésus donne sa vie et personne ne la lui arrache. Il nous montre que c’est en exerçant notre liberté d’enfant de Dieu que nous pouvons faire la volonté du Père qui est dans les cieux.

 

J’espère que votre engagement de cet après midi est libre. La question de ceux qui cherche Jésus au temple « va-t-il venir à la fête, oui ou non ? » Souligne cette liberté du Christ à affronter ses adversaires ou non. Il avait le choix entre se cacher et se présenter en publique. L’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, tel que nous allons écouter dans l’Evangile demain matin, peut laisser croire que Jésus monte pour prendre le pouvoir des chefs du peuple. Et ce n’est pas pour arranger les choses. Mais Jésus entre dans la logique du pasteur d’Ezékiel qui vient paître son troupeau. Celui qui est prêt au sacrifice pour garder la vie de ceux qui lui sont confié. La vie que Jésus donne, personne ne peut la prendre de force, s’il ne se donne pas lui-même. Il s’offre pour que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance.

Vous êtes appelés à exprimer cette vérité au quotidien par une vie digne des enfants de Dieu. Ne vous laissez pas influencer par de fausses doctrines soyez fidèles à celui qui vous appelle à la vraie vie.

 

Chers fidèles, peuple de Dieu rassemblé,

Permettez-moi de vous dire merci pour les efforts que vous consentez chaque jour pour rendre visible la présence du Christ au milieu de ces quartiers qui se développent comme des champignons. En même temps, je vous invite à plus de vigilance, votre fidélité au Seigneur Jésus sera votre arme dans la rencontre entre différentes manières de faire, et dans les rencontres les plus inattendues de votre quotidien.

Comme vous le savez, notre Diocèse est entrain de vivre un temps de redécouverte de la Parole de Dieu à travers l’exhortation « Verbum Domini ». Je recommande à chaque famille d’avoir une bonne Bible et de bien vouloir la mettre en bonne place, non pas pour qu’elle soit un ornement, mais une source de réconfort, d’espérance et un appui pour l’approfondissement de la foi. Achetez la Bible, offrez la, et surtout lisez la.

Que le Seigneur lui-même nous aide à mieux nous engager sur les chemins du Salut. Amen.