04
Jan 2013
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Écrit par Pierre Hubert Belinga

SERMON POUR NOEL 2012 PRONONCE PARSON EXCELLENCE MONSEIGNEUR VICTOR TONYE BAKOT,

ARCHEVEQUE DE YAOUNDE, A LA CATHERALE NOTRE-DAME-DES-VICTOIRES DE YAOUNDE

· Nosseigneurs les Chapelains de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI !

· Excellences Messieurs les Directeurs !

· Père Recteur de la Cathédrale !

· Monsieur le Délégué du Gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de Yaoundé!


· Chers Confrères dans le sacerdoce !


· Révérendes Sœurs !


· Chers Fidèles du Christ !


·  Bien-Aimés de Dieu !




L’Evangile de Saint Jean en ce jour de Noël présente un sombre tableau du monde qui maintes fois a rejeté Dieu. Lui, la Vie s’est présentée au monde comme la lumière qui éclaire l’homme ; il n’a pas été reçu. Il a envoyé un témoin du nom de Jean ; nul ne l’a écouté. Il est simplement venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu. Quel triste sort que celui de ce Dieu dont le nom n’est pourtant qu’amour ! Cependant, il serait injuste et triste en ce jour béni, de ne s’arrêter qu’à ce malheureux constat, car la chute du récit de Saint Jean est heureuse parce que riche d’espérance :



Saint Jean dit en effet « Quant à tous ceux qui l’ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. Ils sont nés non pas du sang, ni de la volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme, ils sont nés de Dieu. Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité ».



Le Verbe s’est fait chair et a demeuré parmi nous. C’est cela la signification de Noël. Jésus-Christ est venu nous rejoindre dans notre monde, pour porter notre culpabilité, nos péchés et pour nous orienter vers le Père.



Le 25 décembre est donc notre journée porte-bonheur, parce que Dieu vient habiter chez nous. Au-delà des cadeaux, au-delà des décorations de tout genre et des belles illuminations, c’est le nouveau-né de la crèche qui donne tout son sens à la fête de Noël. N’allons surtout pas penser que, sortir Jésus-Christ de cette fête, il en restera grand-chose. Enlever Jésus reviendrait à célébrer en ce 25 décembre, une coquille vide, un jour comme tous les autres.



Chers Fidèles,

Noël est certes la fête la plus populaire que le monde ait jamais célébrée. Elle n’en demeure pas moins mystérieuse avec son lot d’incompréhensions. Deux mille ans après la naissance de Jésus, le mystère demeure autour des conditions dans lesquelles ce fils unique de Dieu choisit de venir au monde. L’année de la Foi que nous vivons et dont le lancement dans l’Archidiocèse de Yaoundé a eu lieu le 12 décembre dernier, nous amène à revisiter notre propre histoire, car c’est cette histoire singulière qui détermine en réalité l’être croyant que chacun de nous est devenu. Le récit qui raconte l’entrée de Jésus dans le monde, le voici :

« En ce temps-là, l’empereur Auguste publia un édit qui ordonnait le recensement de tous les habitants de l’Empire.

Ce recensement, le premier du genre, eut lieu à l’époque où Quirinius était gouverneur de la Province de Syrie.

Tout le monde allait se faire recenser, chacun dans la localité dont il était originaire.

C’est ainsi que Joseph, lui aussi, partit de Nazareth et monta de la Galilée en Judée, à Bethlehem, la ville de David : il appartenait, en effet, à la famille de David.

Il s’y rendit pour se faire  recenser avec Marie, sa fiancée, qui attendait un enfant.

Or, durant leur séjour à Bethlehem, arriva le moment où Marie devait accoucher.

Elle mit au monde un fils son premier-né. Elle lui mit des langes et le coucha dans une mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la pièce réservée aux hôtes. » Fin de citation.



Etonnante tournure de l’histoire, mais quelque part, nous pouvons humainement comprendre pourquoi il n’y avait pas de place pour Joseph et sa famille. Le recensement avait drainé beaucoup de monde, et le petit village a vite fait de se remplir de visiteurs.



Aujourd’hui encore, force est de constater qu’il y a toujours de bonnes raisons pour que notre monde ne fasse pas de place à Jésus. Nous sommes trop occupés, trop chargés, allant jusqu’à ne même pas nous sentir concernés…



Une chose est plus étonnante et qui s’inscrit sur le plan divin : c’est que dans le récit de ce premier Noël, personne n’ait  voulu céder sa place à cette femme, ni même au nouveau-né.

Et c’est encore plus étonnant quand nous considérons de qui il s’agissait. L’enfant dans la mangeoire était le Fils de Dieu. C’est lui qui, selon le récit de Saint Jean a tout créé, tout ce qui existe, tout l’univers, toute la place qui soit, pour ainsi dire, mais il n’y avait pas la moindre place pour lui !



Bien-Aimés de Dieu,

Depuis deux mille ans, la mentalité du monde n’a pas beaucoup évolué. A considérer son écho en cette fin d’année, l’on est tenté de conclure que le monde dit non à Jésus. Le mariage pour tous tant réclamé par de nombreuses personnes en Europe, est une preuve flagrante de ce rejet de Dieu !!!



A travers les médias, le monde entier vient d’être témoin d’une mobilisation hétéroclite en France manifestant son refus du mariage pour tous. Un moment fort où la rue a imposé le débat.



Beau tableau vu de loin, cependant, il a été regrettable de constater que ladite manifestation menée par les catholiques, était exempte de toute référence religieuse et placée sous le seul sceau de la défense du code civil. Certes, c’est une stratégie qui visait à ratisser large et elle a réussi, puisqu’elle a pu recruter un avis favorable jusque dans le cercle des non croyants. Cependant, que des catholiques n’avancent pas de raison religieuse suscite tout de même des questionnements. Brandir le code civil pour cette abominable réalité du mariage pour tous, est-ce vraiment ce qu’on attend des chrétiens en général et des catholiques que nous sommes en particulier ? Le mariage est sacré, il unit une femme et un homme appelés à procréer. Nous savons pertinemment, que ni la femme ni l’enfant n’ont de place dans un couple homosexuel !



Mieux que le code civil, l’Evangile et la doctrine sociale de l’Eglise renferment des arguments solides pour défendre la famille. Nous ne devons pas manquer une occasion de témoigner sur ce qu’est la civilisation de l’amour véritable que nous avons la responsabilité de bâtir. N’oublions pas que Jésus est venu proposer un dépassement de la loi pour « apporter le feu sur la terre » ! Osons saisir des moments comme ceux du débat autour du mariage pour tous, et parlons de ce combustible qui nous le croyons, ne se consume jamais, entre autres, l’amour entre un homme et une femme dans un mariage sacramentel.



Frères et Sœurs,



Depuis quelques années, à tous les grands rendez-vous liturgiques qu’offre l’Eglise, le Pasteur que je suis n’a cessé de condamner sévèrement les relations sexuelles entres personnes de même sexe, fustigeant la tendance courante dans les pays occidentaux, et qui prend progressivement corps au Cameroun. Si les dirigeants politiques et les parlementaires de nos pays africains optent pour le mariage pour tous, et pour l’adoption des enfants par des couples homosexuels, que devient la famille ? Avons-nous vraiment besoin de cette pandémie chez nous ?

En Afrique, nous sommes déjà exposés à de nombreux maux : les génocides, les épidémies de toutes sortes, la sècheresse, la famine : tous ces facteurs portent gravement atteinte à notre démographie et si en plus, nous disons non à la procréation, que deviendra notre beau continent ?



Avec ce fameux projet sur le mariage pour tous, le monde est confronté à un réel choc de civilisation.

Comme je l’ai souvent dit, l’homosexualité s’oppose à l’idéal de procréation et est un danger pour la cellule familiale, un ennemi de la femme et de la création.

Même si l’Eglise catholique prêche les vertus de tolérance vis-à-vis des personnes homosexuelles, les pédophiles et bien d’autres dépravés de la société, cela ne signifie pas que la morale catholique cautionne le comportement homosexuel et le style de vie qu’il inspire.



A l’heure où nous contemplons la Vérité venue naître au milieu des plus pauvres, j’en appelle à notre sagesse africaine et exhorte les décideurs et les parlementaires de notre beau pays, à ne pas se laisser apprivoiser par des porteurs d’idées maléfiques venus tout droit d’Europe. N’immolons pas nos valeurs qui sont des valeurs de vie sur l’autel d’un pseudo enrichissement. Nous pouvons être riches en continuant de procréer naturellement comme Dieu l’a voulu. Quand bien même nous aurions amassé des richesses, si nous n’avons plus d’enfants à qui les lèguerions-nous ? Que deviendra notre terre ? Je lance un appel aux papas et aux mamans en couple : les enfants sont l’avenir de l’humanité ; sachez les accueillir et les aimer selon les conditions naturelles proposées par le Dieu Créateur.



A toi papa, comme Saint Joseph, aie à cœur de protéger ta famille, recherche toujours le meilleur pour tes enfants.

Et toi, maman comme Marie, en ce jour de Noël, sois heureuse car Dieu, ton Créateur t’a bénie en te donnant de pouvoir porter un enfant en ton sein.



Certains modèles de démocratie ne devraient plus nous fasciner. Quelle leçon devrait-on recevoir d’une démocratie dite meilleure, alors que le souvenir de la déchéance observée au sommet de la droite française est encore présent dans nos esprits. Pensez à ces responsables qui après un mois de bataille acharnée sont péniblement parvenus à ne signer que la paix des braves !



Notre espérance africaine doit être dans le nom du Seigneur et non ailleurs. Et il y a lieu de croire à des lendemains meilleurs. Le sommet des ACP (Afrique – Caraïbes – Pacifique) tenu au courant de ce mois à Malabo s’est achevé sur l’option d’un changement de direction du groupe, dans son fonctionnement et dans sa relation avec l’Union Européenne. C’est une grande avancée ! Continuons de prier pour cette cause.



Bien-Aimés de Dieu,

Nous vivons en ce jour un événement riche de signification : les saintes écritures évoquent par allusion, la venue de Jésus, en lui donnant de multiples surnoms : « prince de la paix », « juge des nations », « arbitre des peuples nombreux », selon le prophète Isaïe. Mais aussi « celui qui vient » ou « l’agneau de Dieu » dans la bouche de Jean Baptiste. Autant de riches expressions qui déclinent au fil des siècles, la foi du peuple d’Israël dans l’avènement d’un Messie à venir.



Avec la Sainte famille de Bethlehem, nous sommes témoins aujourd’hui de cet avènement du « Prince de la paix » et devons nous en réjouir, car en Lui, se fonde notre foi, cette foi que le Saint Père Benoît XVI, nous invite à revisiter en Eglise tout au long de cette Année de la Foi, cette foi qui nous soutient et nous galvanise dans notre recherche de la paix.



Aujourd’hui encore, Jésus vient nous inviter à oser l’espérance, à ne pas croire ceux qui prédisent la fin du monde. Qui disent que notre monde ne doit plus aimer. Soyons vigilants, car baptisés dans le Christ, petits et grands, nous possédons tous la capacité de sauver.

Par l’affirmation « je vous donne ma paix », Jésus parle de paix à travers nous : en ce jour de Noël, songeons surtout à la réconciliation entre frères, recherchons la paix en réveillant en nous la soif de l’autre, ouvrons-nous au partage et allons vers nos frères par des gestes d’amour et de compassion.



Bien Aimés de Dieu,

N’oublions pas que la joie de Noël est plus forte quand elle est partagée.

Merci au Père Recteur et son équipe pour la qualité de l’accueil qui nous est toujours réservée en ce lieu.

Merci à l’équipe de la décoration pour la magnifique crèche et la belle parure de ce jour de fête.

Merci aux chorales pour leur excellente prestation.

Merci à vous tous, chers fidèles, d’être venus si nombreux prier et partager la joie de Noël avec les frères et sœurs en cette belle cathédrale.

Merci à vous, hommes des médias, grâce à votre implication, l’écho de notre message parviendra au loin et nous l’espérons touchera les cœurs.


Que la Sainte Vierge Marie, la première qui a cru nous aide à comprendre le message de salut de son divin Fils, afin que nous puissions mieux que, par le passé, dire avec plus de joie « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et Paix sur la terre, aux hommes qu’il aime ! »


Joyeux Noël en paix dans vos familles !