03
Jan 2013
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Écrit par Pierre Hubert Belinga

HOMELIE PRONONCEE PAR SON EXCELLENCE MONSEIGNEUR VICTOR TONYE BAKOT, ARCHEVEQUE DE YAOUNDE, LORS DES ORDINATIONS DIACONALES ET PRESBYTERALES A LA BASILIQUE MARIE REINE DES APOTRES DE MVOLYE.

Textes de méditation

· Gen 3, 9-15. 20

· Ps 97 (97), 1, 2-3 ; 3-4

· Eph 1, 3 - 6. 11-12

· Lc 1, 26-38

- Samedi le 08 décembre 2012 à la Basilique de Mvolye à 10h00 -

Je suis particulièrement heureux d’accueillir au sein du « presbyterium » de l’Archidiocèse de Yaoundé de nouveaux prêtres qui recevront l’ordination sacerdotale au cours de cette eucharistie. Avec tous les prêtres ici présentes, je rends grâce au Seigneur pour le don de ces nouveaux pasteurs du Peuple de Dieu.

 

•    Nosseigneurs les Vicaires Généraux !

•    Nosseigneurs les Chapelains de Sa Sainteté Benoît XVI ! 

•    Messieurs les Abbés Chanceliers !

•    Révérends Pères Supérieurs des Communautés Religieuses !

•    Messieurs les Abbés Recteurs !

•    Chers Confrères dans le Sacerdoce !

•    Religieux et Religieuses !

•    Chers Séminaristes !

•    Chères Familles des Ordinands !

•    Chers Frères et Sœurs !

•    Bien-aimés de Dieu !




BONNE FETE !


Je suis particulièrement heureux d’accueillir au sein du « presbyterium » de l’Archidiocèse de Yaoundé de nouveaux prêtres qui recevront l’ordination sacerdotale au cours de cette eucharistie. Avec tous les prêtres ici présentes, je rends grâce au Seigneur pour le don de ces nouveaux pasteurs du Peuple de Dieu.

Je voudrais vous adresser un salut particulier très chers Ordinands. Aujourd’hui, vous êtes au centre de l’attention du Peuple de Dieu, un peuple symboliquement représenté par les personnes qui remplissent cette basilique de Mvolyé, elles la remplissent de prières et de chants, d’affection sincère et profonde, d’émotion authentique, de joie humaine et spirituelle.

Au sein de ce Peuple de Dieu occupent une place particulière vos parents et vos familles, vos amis et vos camarades, les supérieurs et les éducateurs du séminaire, les différentes communautés paroissiales et les différentes institutions de l’Eglise dont vous êtes issus et qui vous ont accompagné, sur votre chemin ainsi que celles que vous avez déjà pastoralement servies.

C’est donc l’Eglise particulière de Yaoundé tout entière qui rend grâce aujourd’hui à Dieu et prie pour vous, qui place tant d’espérance et de confiance dans votre avenir, qui attend des fruits abondants de sainteté et de bien spirituel de votre ministère sacerdotal.

Oui, l’Eglise compte sur vous, elle compte beaucoup sur vous. L’Eglise a besoin de chacun de vous, étant consciente des dons que Dieu vous offre et, en même temps, de la nécessité absolue du cœur de chaque homme de rencontrer le Christ, Sauveur unique et universel du monde, pour recevoir de lui la vie nouvelle et éternelle, la véritable liberté et la pleine joie.

Chers Fidèles du Christ !

Notre joie est double, car l’Eglise particulière qui est à Yaoundé célèbre sa fête patronale, le 77ème anniversaire du clergé local.

Je saisis donc cette occasion pour souhaiter une bonne et chaleureuse fête à tous les prêtres de l’ACDY qui célèbrent leur fête aujourd’hui.

Bonne et chaleureuse fête aux Congrégations de l’Ordre de la Merci et des Xavériens qui présentent quatre candidats pour le diaconat ce jour.

Bien-aimés de Dieu !

Chers Frères et Sœurs !

Nombre de catholiques ne comprennent pas le sens de la fête d’aujourd’hui. Ils confondent dans leur esprit l’Immaculée Conception de Marie avec la conception virginale de Jésus ; Ce que nous célébrons aujourd’hui c’est le fait que Marie a été conçue sans péché depuis le premier instant de son existence. Ce dogme de notre foi est extrêmement important parce qu’il atteste le soin avec lequel Dieu a guidé tout le processus de notre salut par le choix de cette maman dès le sein de sa mère Anne.

Peuple de Dieu ici rassemblés !

La première lecture du livre de la Genèse fait résonner à nos oreilles ce que l’on est habitué à appeler l’oracle de bénédiction :

« Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t’écrasera la tête et tu l’atteindras au talon » (Gn 3, 15).

Ce passage est un oracle de bénédiction puisqu’il annonce une première lueur du salut. Au moment où le péché s’affirme comme un mal envahissant la vie des hommes dès le « commencement » du monde, le genre humain, dans la personne de nos premiers parents, entend « la première annonce de la victoire sur le mal, sur le péché » (Mulieris dignitatem, n.11).

La victoire sur le mal, sur le péché, sera l’œuvre de la descendance d’une femme. C’est pourquoi, l’annonce d’un Sauveur du monde concerne également l’histoire d’une femme. En effet, l’annonce du Sauveur du monde qui naîtrait d’une femme atteste que, dès la création du monde, une femme, à savoir, la Mère du Messie, se trouve au centre de l’histoire du salut.

Car, l’événement central du salut, à savoir, l’envoi en ce monde du Fils de Dieu se réalise en une femme et par une femme (cf. Mulieris dignitatem, n. 3).

Le récit de l’Annonciation nous aidera à comprendre davantage que Genèse (3,15) est une véritable prophétie de ce qui s’est enfin réalisé à Nazareth. A Nazareth, par l’intermédiaire de l’Ange Gabriel, Dieu révèlera la manière dont la victoire sur le mal et sur le péché allait s’opérer. De la sorte, en Marie, cette Vierge de Nazareth, nous contemplons la femme qui se trouve au cœur de l’événement marquant le salut du monde. Marie sera honorée du titre de Mère de Dieu qui sauve le monde. Marie, la vierge de Nazareth, devient la Mère de Dieu. Mère de Dieu : voilà un titre qui honore toute femme en Marie.

Selon le Bienheureux Jean-Paul II, considérer Marie comme « femme Mère de Dieu » est le point de départ d’une réflexion que nous devons mener en vue de prendre conscience de la dignité et de la vocation de la femme. Parce que Mère de Dieu, Marie découvre sa dignité et sa vocation de femme à partir de son union de vie à Dieu. A partir de la manière dont Marie a vécu sa vie d’union à Dieu, nous comprenons plus facilement que vivre en union avec Dieu est la conséquence d’une vérité fondamentale concernant la nature même de la personne humaine : l’être humain, masculin et féminin, a été créé « à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Mulieris dignitatem, n. 5).

Par ailleurs, le passage de l’épître aux Ephésiens qui nous a été proclamé est un chant de louange à Dieu et Père de Notre Seigneur Jésus-Christ. L’Apôtre Paul passe en revue les dons reçus de Dieu ainsi que les merveilles opérées par Dieu en faveur de ses élus, « en faveur de ceux qui forment l’Eglise, peuple de Dieu. Dans ce chant de louange, l’Apôtre Paul parle comme le fait l’évangéliste Saint Jean : « Ce n’est pas nous qui avons choisi Dieu : c’est Dieu qui nous a choisis pour que nous portions des fruits qui demeurent ». (cf Jn 15, 16)

Ce choix de la part de Dieu est une merveille dont nous devons prendre conscience ; car, à travers ce choix, nous admirons la bonté de Dieu, notre Père, qui nous fait espérer des choses que nous ne pouvons pas atteindre par nos propres forces. Dieu nous a choisis pour que nous soyons saints et irréprochables à ses yeux. Il nous a choisis pour que notre conduite, notre comportement en société diffère totalement de la conduite de ceux qui ne croient pas encore en Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ.

En effet, les chrétiens doivent obéir à la loi du Christ et s’interdire de s’aligner sur la conduite de ceux qui ne connaissent pas Dieu, notre Père. Devenus enfants dans la grande famille de Dieu, l’Eglise, dès lors, ils devront être parfaits comme leur Père céleste est parfait : ils mèneront une vie qui proclame, en toute circonstance, la gloire de Dieu.

Enfin, l’Evangile selon Saint Luc nous fait goûter la beauté du dialogue qui s’était instauré, le jour de l’Annonciation, entre l’Ange Gabriel et Marie. Messager divin, l’Ange Gabriel descend à Nazareth, une ville de Galilée, sans grande réputation. C’est une petite ville dont on disait : « De Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon ! » (Jn 1, 46)

L’Ange Gabriel descend dans cette petite ville auprès de Marie, une Vierge fiancée à Joseph. Entrant chez Marie, l’Ange Gabriel dira à la jeune Vierge « Réjouis-toi ». Oui, Marie doit se réjouir parce qu’elle est « toute gracieuse ». Marie est « comblée de grâce ».

Ces paroles de l’Ange troublent Marie. Marie est troublée parce qu’elle ne comprend pas qu’une humble fille d’une petite ville sans renom soit honorée d’une salutation dont la signification restait encore voilée. Lisant le trouble de Marie, le Messager divin lui dit : « sois sans crainte, Marie : car tu as trouvé grâce auprès de Dieu » (Lc 1, 30). Marie doit cesser de se troubler ; car elle reçoit gratuitement de Dieu l’insigne privilège de devenir la Mère d’un enfant extraordinaire. L’enfant qu’elle mettra au monde s’appellera Jésus. Et Jésus, nous le savons, est un nom juif qui signifie « Yahvé ». Et ce « Yahvé sauve », c’est Dieu lui-même qui consent à devenir l’enfant de Marie. Voilà qui amène l’Ange Gabriel à dire à Marie qu’elle est « comblée grâce » puisqu’elle reçoit le grand privilège de devenir la Mère de Dieu.

En devenant la Mère de Dieu, Marie mènera une vie d’union à Dieu. Cette union sera ininterrompue. De la sorte, nous pouvons dire avec l’Ange Gabriel que Dieu est avec Marie.

Ensuite, l’Ange Gabriel dévoilera à Marie l’identité de l’enfant qu’elle va mettre au monde. Cet enfant « sera grand et sera appelé Fils du très-Haut » (Luc 1, 23). L’enfant de Marie est le Messie attendu par les fils d’Israël (cf Lc 2,34).

Marie comprend ces paroles de l’Ange Gabriel. Toutefois, elle cherche à connaître le moyen par lequel s’opèrera la conception. Aussi, Marie pose-t-elle une question à son interlocuteur : « Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ? » (Lc 1,34).

L’Ange Gabriel tranquillise Marie. Il lui demande de prendre conscience que la naissance de l’enfant est une initiative du bon vouloir de Dieu. Nous le savons : dans la Bible, la puissance de Dieu se manifeste souvent à travers une parole efficace. C’est par la Parole de Dieu que furent créées les choses visibles et invisibles. Dieu parla, et tout fut ! Le dernier mot de l’Ange Gabriel à Marie soulignera cette efficacité de la Parole de Dieu : « car aucune parole n’est impossible chez Dieu » (Lc 1, 36).

La maternité d’Elisabeth est ainsi le signe de ce que Dieu réalisera également en Marie. De même que jadis Yahvé avait visité Sara et lui avait accordé un enfant comme il l’avait promis, ainsi, la Parole de Dieu réalisera ce qu’elle dit en faveur d’Elisabeth et de Marie.

La maternité inespérée d’Elisabeth ainsi que la maternité de Marie, la jeune fille qui ne connaît pas d’homme, sont les actes de la puissance de Dieu. Marie accueillera la Parole de l’Ange Gabriel. Elle déclarera : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38). Ces paroles de Marie sont très belles ; car, elles sortent tout naturellement de la bouche d’une âme qui reconnaît sa dépendance de Dieu. Ces paroles de Marie sont belles parce qu’elles expriment la foi profonde de Marie acquiesçant au projet de Dieu sur elle. Par ces paroles, Marie s’affirme comme la femme croyante acceptant d’être l’instrument dont Dieu se sert pour réaliser le salut du monde. En se considérant comme la « servante du Seigneur », Marie reste, pour chacun de nous, le modèle de ceux qui acceptent de faire la volonté de Dieu en réalisant le projet que le Seigneur a pour chacun de nous.

Puisse Marie, la servante du Seigneur, intercéder pour nous auprès de son Fils, afin que nous soyons toujours disponibles pour réaliser le projet que le Seigneur nous propose.

Dear Brothers and Sister !

Beloved of God !

Pope Pius IX in 1854 solemnly proclaimed in his decree « Ineffabilis Deus’the immaculate conception of Mary as a dogma. It means that “from the first moment of her conception in the womb of her mother, Mary, by the special choice of God, was preserved from the existing situation of sin to which all other human beings are subject.” And the Vat. II States :

At the message of the angel, the Virgin Mary received the Word of God in her heart and in her body, and gave Life to the World. Hence she is acknowledged and honoured as being truly the Mother of God and the Mother of the Redeemer. Redeemed in an especially sublime manner by reason of the merits of her Son, and united to Him by a close and indissoluable tie, she is endowed with the supreme office and dignity of being the Mother of the Son of God.

According to the teaching of the Church she is immaculate because of the merits of Jesus, the Saviour.

Mary as the Mother of Jesus, the Son of God, was favoured by God ; she was preserved by Him from all stains of sin. She was immaculate in mind and body in order to play this unique role in the work of salvation. She is the privileged woman, the “favoured on”, the object of God’s grace.

Mary’s yes was a decision to do God’s Will unconditionally. ’’Be it done unto me according to thy word.’’ Not only at the annunciation but all through her life, even standing at the foot of the cross, she co-operated with God’s salvific plan. That made her great before God ? That made her receive special graces from God. Today as we celebrate the feast of the Immaculate conception we are called upon to follow Mary in her self-giving and surrender to God. Her attitude was : Whatever God says I will do.” It is what is espected of us when we pay “Our Father,” “Thy will be done”.

Mary is our model, and the axiom “through Mary to Jesus” is true. Mary brings us closer to Jesus. She is a sign of salvation, a sacrament, a source of hope for us. She makes us sharers of God’s grace and glory. Let us renew our faith and commitment to the Gospel following the example of Mary, Mother of Jesus and our Mother.

My dear sons, I recommend that you love the Mother of the Lord. Do as Saint John did, welcoming her deeply into your own heart. Allow your selves to be continually renewed by her maternal love. Learn from her how to love Christ. May the Lord bless your journey as priests.

Mes Chers Ordinands !

Nous pensons que notre première attitude en face de notre vocation sacerdotale, c’est la foi à l’instar de la foi de Marie, une femme qui a cru en l’accomplissement des paroles qui lui furent adressées de la part de Jean : une foi pure et entière en la vérité révélée. Pour pouvoir vivre et aimer notre foi, pour pouvoir aimer Dieu et donc devenir capables de l’écouter de façon juste, nous devons savoir ce que Dieu nous a dit : notre raison et notre cœur doivent être touchés par la Parole. L’Année de la Foi, le souvenir de l’ouverture du Concile Vatican II, il y a 50 ans, doivent être pour nous une occasion d’annoncer le message de la foi avec un zèle nouveau et avec une nouvelle joie. Les textes du Concile Vatican II et le catéchisme de l’Eglise Catholique sont des instruments essentiels qui nous indiquent de manière authentique ce que l’Eglise croit à partir de la Parole de Dieu.

Toute notre annonce doit se mesurer sur la Parole de Jésus Christ : « Mon enseignement n’est pas le mien » (Jn 7, 16). Nous n’annonçons pas des théories et des opinions privées, mais la foi de l’Eglise dont nous sommes des serviteurs.

Mais ceci naturellement ne doit pas signifier que je ne soutiens pas cette doctrine de tout mon être et que je ne suis pas fixé solidement en elle. Dans ce contexte me vient souvent à l’esprit la parole de saint Augustin : qu’est ce qui est aussi mien que moi-même ? Qu’est-ce qui est aussi peu mien que moi-même ? Je ne m’appartiens pas à moi-même et je deviens moi-même justement par le fait que je vais au-delà de moi-même et par le dépassement de moi-même je réussis à m’insérer dans le Christ et dans son Corps qui est l’Eglise. Si nous ne nous annonçons pas nous-mêmes et si intérieurement nous sommes devenus tout un avec Celui qui nous a appelés comme ses messagers si bien que nous sommes modelés par la foi et que nous la vivons, alors notre prédication sera crédible. Je ne fais pas de la réclame pour moi-même, mais je me donne moi-même. Le Curé d’Ars n’était pas un savant, un intellectuel, nous le savons. Mais par son annonce il a touché les cœurs des gens, parce que lui-même avait été touché au cœur par le Christ.

Le mot-clé que je voudrais évoquer ici s’appelle le zèle pour les âmes (animarum zelus). C’est une expression démodée qui aujourd’hui n’est presque plus utilisée. Dans certains milieux, le mot âme est même considéré comme un mot prohibé, parce que – dit-on – il exprimerait un dualisme entre corps et âme, divisant l’homme à tort.

L’homme est une unité, destiné avec son corps et son âme à l’éternité. Mais ceci ne peut signifier que nous n’avons plus une âme, un principe constitutif qui garantit l’unité de l’homme dans sa vie et au-delà de sa mort terrestre. Et naturellement comme prêtres nous nous préoccupons de l’homme tout entier, justement aussi de ses nécessités physiques – des affamés, des malades, des sans-toit. Toutefois, nous ne nous préoccupons pas seulement du corps, mais aussi des besoins de l’âme de l’homme : des personnes qui souffrent en raison de la violation du droit ou d’un amour détruit ; des personnes qui se trouvent dans l’obscurité à propos de la vérité ; qui souffrent de l’absence de vérité et d’amour. Nous nous préoccupons du salut des hommes dans leurs corps et dans leur âme. Et en tant que prêtres de Jésus Christ, nous le faisons avec zèle. Les personnes ne doivent jamais avoir la sensation que nous accomplissons consciencieusement notre horaire de travail, mais qu’avant et après nous nous appartenons seulement à nous-mêmes. Un prêtre ne s’appartient jamais à lui-même. Les personnes doivent percevoir notre zèle, par lequel nous donnons un témoignage crédible pour l’Evangile de Jésus Christ. Prions le Seigneur de nous remplir de la joie de son message, afin qu’avec un zèle joyeux nous pussions servir sa vérité et son amour.

Le prêtre doit être un homme de foi. Une foi puisée dans la prière, nourrie par la lection divina, approfondie par l’enseignement de l’Eglise. Une foi capable de se communiquer dans l’apostolat, de s’exprimer dans la catéchèse, de se célébrer dans les sacrements.

Homme de foi, le prêtre doit croire en son ministère. Il ne peut rester extérieur à ce qu’il fait. Il engage toute sa vie dans son ministère. Sa vie, c’est le Christ. « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. Ma vie présente, dans la chair, je la vis dans la foi au fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Paul au Galates 2, 20). Le Christ poursuit, grâce au prêtre, son activité sacerdotale. La foi au Christ conduit à une unité de vie avec Lui. Car le Christ est le modèle parfait de l’accomplissement de la volonté du Père et de la donation inconditionnelle aux âmes. Je cite le N° 14 de Presbyterorum Ordinis : « Pour pouvoir vérifier en pratique leur unité de vie, que les prêtres considèrent chacune de leurs initiatives en examinant quelle est la volonté de Dieu, c’est-à-dire en voyant si cette initiative est cohérente avec les règles de la mission évangélique de l’Eglise. En effet, la fidélité au Christ ne peut pas être séparée de la fidélité de son Eglise. » La foi au Christ conduit à la foi en l’Eglise, c’est-à-dire à un amour filial à son endroit, de prier avec elle, d’être attaché à son Magistère, de puiser dans sa fidélité la sagesse et la force, pour aller jusqu’au bout de son ministère, sans transiger. Le prêtre n’annonce pas son opinion, mais la foi de l’Eglise, dans toute sa plénitude, dans toute sa catholicité. La foi au Christ conduit le prêtre à aider les chrétiens à devenir eux-mêmes, des hommes et des femmes de foi.

Pastores Dabo Vobis évoque une autre exigence morale de la vie du prêtre : l’humilité. Plus que tout autre, le prêtre accueille pour lui-même les paroles de saint Paul « Ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile. » (2 Cor 5) L’humilité consiste à laisser le Christ passer devant soi. A Lui donner la première place dans sa vie. « Dieu premier servi. » disait Jeanne d’Arc. « Sans moi, vous ne pouvez rien faire. » nous redit Jésus. L’humilité conduit à la prière, à demander sans cesse le secours de la grâce, à vivre de l’eucharistie, à savoir nous appuyer sur la fraternité sacerdotale et à promouvoir les indispensables collaborations avec les fidèles laïcs, sans prétendre vouloir tout faire tout seul. L’humilité consiste à dépendre aussi des autres. L’humilité nous conduit à regarder en face nos fragilités, à consentir à nous remettre en cause, à exercer un regard critique sur soi. L’humilité nous invite aussi à confesser régulièrement nos péchés, à vivre de la miséricorde divine.

Un autre point qu’évoque l’exhortation apostolique Pastores Dabo Vobis, c’est la miséricorde. La lettre aux Hébreux applique au Christ le titre de « grand prêtre miséricordieux ». « Parce qu’il a lui-même souffert, quand il fut éprouvé, il est en mesure de venir en aide à ceux qui sont éprouvés. » (Héb 2, 18) La miséricorde sacerdotale du Christ n’est pas un sentiment superficiel. C’est une capacité acquise grâce à des souffrances personnelles. Pour pouvoir compatir pleinement, il faut avoir pâti personnellement. L’auteur de la lettre aux Hébreux montre encore Jésus en proie à une angoisse extrême qui le fait « prier et supplier, avec un grand cri et dans les larmes, Celui qui pouvait le sauver de la mort » (Héb 5, 7)

Tout le ministère sacerdotal doit être empreint de miséricorde. Et cette miséricorde se déploie dans la triple tâche que l’Eglise confie au ministère ordonné :

1. Annoncer la Parole de Dieu. « Munus docendi ». Proclamer la Parole de Vie. L’expliquer. L’enseigner… C’est faire œuvre de miséricorde. Car le monde a soif et faim de cette Parole. Car chaque être humain est fait pour le Christ, pour le connaître et pour le rencontrer. Evangéliser, c’est répondre à cette soif, c’est entendre ce cri.

Cette annonce du Christ ne doit pas édulcorer le message, comme pour en adapter le contenu et l’exigence. Il en perdrait alors sa saveur. Ou la dénaturerait. Mais cette annonce du Christ n’est crédible que si notre vie est en cohérence avec ce que l’on proclame, que notre vie donne la preuve de l’amour du Christ. Sinon, nous sommes des menteurs. Pour qu’une réalité change le monde, il faut d’abord qu’elle change la vie de celui qui la porte. Il faut qu’elle se change en exemple. La vie des saints est là, pour nous rappeler cette exigence. C’est une vie convertie à Dieu, qui convertit les autres.

2. La miséricorde conduit aussi le prêtre à être le dispensateur des sacrements du salut. Il devient l’instrument de la grâce. Il agit « in persona Christi » pour prolonger, en son nom, son œuvre de miséricorde. Donner la vie du Christ par le baptême, pardonner les péchés par le sacrement de pénitence, nourrir le peuple chrétien par la célébration de la sainte messe, fortifier les corps éprouvés dans le sacrement de l’onction des malades…, voilà autant d’œuvres de miséricorde dont le prêtre est le ministre.

3. Enfin, le prêtre est homme de miséricorde dans l’exercice de la charge pastorale qui lui est confiée. Il conduit la communauté en Bon Pasteur, prêt à donner sa vie pour chacun, à rechercher la brebis égaré, à gouverner avec le souci d’aider chaque fidèle à trouver sa place, à développer son charisme. Il lui revient de développer avec vigilance et sollicitude une vraie communion fraternelle afin qu’elle devienne aussi une communion missionnaire.

L’exhortation apostolique post-synodale Pastores Dabo vobis souligne enfin à propos de la spiritualité sacerdotale, la prudence. Cette vertu prévient de se lier à une personne particulière ou à un groupe. [La foi au Christ conduit le prêtre à se départir de l’exercice solitaire et indépendant de son ministère.]

Le prêtre n’est pas l’homme d’un parti. Il est tout à tous afin que chacun soit aussi à son frère. Son cœur est ouvert à tous, il est chaste, c’est-à-dire donné à Dieu pour être à chacun, sans mettre la main sur personne. Son cœur est disponible et universel, prêt à donner sa vie pour chacune de ses brebis.

La vie du prêtre est sacrificielle, et chaque eucharistie actualise son offrande. Et c’est parce qu’elle est sacrificielle que dans la Christ, elle est féconde. « Il n’est pas de plus grande preuve d’amour, que de donner sa vie pour ceux qu’on aime », disait Jésus.

Je voudrais conclure cette exhortation en citant Joseph RATZINGER : « Etre prêtre constitue une exigence extrême, en même temps le plus beau cadeau qui soit. » Il voit avec gratitude comment des hommes, par son intérieur découvrent la gloire de Dieu, il voit combien Dieu accomplit de grandes choses à travers lui, en se servant de sa faiblesse. Chers Fils Ordinands, soyez ce beau cadeau pour l’Eglise et pour vous-mêmes.

Mes Chers Ordinands !

Le vœu que je forme pour vous est que vous soyez des bons bergers. Puisse votre vie rende témoigne au mystère de l’amour.

Ce cadeau que vous allez recevoir est incomparable. Assurez-vous d’en prendre soin et de toujours le revivifier à travers la méditation de La Parole de Dieu, la prière, les sacrements et l’étude personnelle.

Puisse cette ordination de nos diacres et prêtres renouveler en nous ce jour le goût du service et la disponibilité à servir, et à servir avec joie.

Chers Fils, votre promotion s’appelle Promotion de l’Immaculée Conception. Entretenez une dévotion profonde et permanente avec Marie. Suivez sa vie et épousez sa foi.

LOUE SOIT JESUS CHRIST !