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Écrit par Administrator

Conférence donnée par Monseigneur Jean Claude EKOBENA  SUR LE THEME  « Impact de la Confrérie Sainte Marie  « EKOAN MARIA » au sein de l’Eglise»

La tenue du premier Congrès National de la Confrérie Sainte Marie-EKOAN MARIA – nous donne l’occasion de revisiter quelques points essentiels de la doctrine mariale traditionnelle de l’Eglise. Cela a pour but sans doute, comme l’indique du reste le thème général du congrès, de redécouvrir la place de la Sainte Vierge marie au sein de votre confrérie.

Quand on sait que parler de la Vierge Marie, c’est parler de l’Eglise dont elle est mère, on sait qu’on touche là un domaine essentiel de la religion chrétienne.

Le sous-thème qu’il m’a été demandé de traiter avec vous ce jour s’intitule « Impact de la Confrérie Sainte Marie « EKOAN MARIA » au sein de l’Eglise ».

INTRODUCTION

Il convient tout d’abord de préciser les contours de notre propos.

Je parlerai bien sûr de l’« EKOAN MARIA » au sein de l’Eglise qui est au Cameroun. On ne pourra alors parler de l’influence que l’EKOAN MARIA exerce dans cette Eglise locale que quand on aura situé l’objectif ou le but poursuivi par cet « EKOAN ». Pour une bonne compréhension, il nous faudra clarifier la notion d’Eglise et déterminer sa vocation. Cela nous permettra de savoir que l’EKOAN MARIA, en agissant au long des années, a exercé une influence quelconque au sein de cette Eglise.

 

I – OBJECTIFS DE L’EKOAN MARIA

Avant de parler des objectifs spécifiques de l’EKOAN MARIA, il convient d’évoquer rapidement les objectifs des Associations selon l’enseignement de l’Eglise.

A – Les objectifs des Associations dans l’Eglise

Il faut tout d’abord relever que l’Eglise encourage la formation d’associations des fidèles laïcs en son sein car, c’est un droit qui découle du baptême qui, en tant que sacrement, appelle les fidèles laïcs à participer activement à la communion et à la mission de l’Eglise. Cf. Exh. Apost Post Synodale, 29.

L’Elise a donc retenu cinq points, ou cinq objectifs, par lesquels une association chrétienne doit être considérée comme en conformité avec l’Eglise, on les appelle aussi « les critères d’ecclésialité » Cf. Extr. Apost. Post Synodale 30 Il s’agit de :

 

1)      Le primat donné à la vocation de tout chrétien

à la sainteté.

 

Ce qui est visé ici c’est la plénitude de vie chrétienne. En ce sens, toute association de fidèles laïcs est appelée à être toujours davantage un moyen de sanctification dans l’Eglise.

 

2)      L’engagement à professer la foi catholique.

Toute association de fidèles laïcs devra donc être un lieu d’annonce de la foi authentique de l’Eglise et d’éducation à cette foi dans son contenu intégral.

 

3)      Le témoignage d’une communion solide et forte

dans sa conviction en relation avec le Pape.

 

La communion avec le Pape et avec l’Evêque doit s’exprimer dans une disponibilité loyale à recevoir leurs enseignements doctrinaux.

4)    L’accord et la coopération avec le but apostolique

de l’Eglise.

Il est demandé à chaque association des fidèles d’être animée d’un élan missionnaire qui en fasse des instruments toujours plus actifs d’une nouvelle évangélisation.

5)    L’engagement à être présents dans la société

humaine.

 

Les associations doivent devenir des lieux de participation et de solidarité pour viser des conditions plus justes et plus fraternelle à l’intérieur de la société.

B – Objectifs spécifiques de l’EKOAN MARIA

 

On les retrouve au chapitre II article 3 du règlement intérieur. Nous les reproduisons ici in externso.

 

La Confrérie Sainte Marie « EKOAN MARIA » propose à ses membres un guide, un modèle à suivre, la Vierge Marie. Elle a pour objectifs :

§  La sensibilisation, la mobilisation et l’encadrement de ses membres ;

§  La pratique de la piété par des actions apostoliques : prière, messe, recollection ;

§  La mise en œuvre de toutes les ressources pour la promotion socio-culturelle et l’épanouissement spirituel de ses membres ;

§  La participation à l’Evangélisation du peuple de Dieu ;

§  La promotion de la famille chrétienne ;

§  La contribution à l’éducation permanente et à la formation biblique pour l’approfondissement de la foi ;

§  La participation à l’effort collectif de développement socio-économique par l’organisation des activités rentables et génératrices de revenus ;

§  La contribution aux œuvres caritatives ;

§  Le développement et le maintien d’une solidarité agissante par l’entraide et l’assistance multiforme.

 

La question fondamentale serait donc de savoir si ces objectifs, qu’on pourrait aussi appeler, programme d’action ont été atteints jusqu’à ce jour.

 

En d’autres termes, puisqu’il s’agit au bout du compte de l’Evangélisation, ce qui est la vocation propre de l’Eglise Cf. Paul VI, Ev. Dans Monde N° 14, est-ce qu’on peut dire que l’EKOAN MARIA exerce une quelconque influence dans notre Eglise locale dans le domaine de cette Evangélisation ? Le mot « évangélisation » étant entendu ici dans son sens originel ainsi que dans son sens plus général et englobant.

 

Pour répondre à la question posée, nous commencerons par relever certains domaines dans lesquels il nous semble que l’EKOAN MARIA a eu au cours des années un impact certain dans notre Eglise locale.

 

II - POINTS D’IMPACT

 

Nous avons cibler quatre domaines dans lesquels il nous a semblé possible de déceler l’influence de l’EKOAN MARIA. Il s’agit du panorama de l’implantation que j’appelle la géographie, le phénomène de masse que j’appelle, la démographie, le volet développent et le volet spirituel.

A – Point de vue géographique

La Confrérie EKOAN MARIA  qui voit sa création dans l’Archidiocèse de Yaoundé en 1906, s’est développée au fil des années. Aujourd’hui, cette confrérie est présente dans douze diocèses, à savoir : Sangmélima, Doumé-Abong-Mbang, Kribi, Douala, Ebolowa, Bafia, Mbalmayo, Obala, Ngaoundéré, Bertoua, Batouri, Yaoundé.

S’il faut soustraire les quatre diocèses de la zone anglophone qui ont vu s’implanter une confrérie avec les objectifs similaires à ceux de l’EKOAN MARIA (Le Catholic Women Association) on peut dire que l’EKOAN MARIA s’étend aujourd’hui sur plus de la moitié des diocèses restants, soit douze sur vingt et un ; c’est donc une extension géographiquement appréciable, qu’il convenait de relever.

B – Point de vue démographique

Ici il s’agit de faire remarquer, comme conséquence immédiate de l’extension géographique, l’accroissement en nombre des adhérents de l’EKOAN MARIA. C’est donc une conséquence logique qui tient de l’évolution normale des choses : plus la confrérie s’est étendue à d’autres diocèses, plus le nombre des membres s’est trouvé considérablement élevé.

Il faudrait aussi signaler que la notoriété dont bénéficie l’EKOAN MARIA tient peut-être au fait que cette confrérie figure, avec l’EKOAN ANA et l’EKOAN YOSEP, parmi les premières associations chrétiennes des laïcs dans l’Archidiocèse de Yaoundé, lieu de sa création.

C – Point de vue du développement

Nous avons déjà eu à relever que l’évangélisation s’accompagne toujours de la promotion sociale de l’homme, c’est pourquoi l’Eglise s’investit tant dans les œuvres socio-caritatives et de promotion humaine comme les écoles, les centres de santé etc…

A ce niveau l’EKOAN MARIA s’est toujours employée à promouvoir des activités créatives de revenus tels la fabrication des savons, huile, teinture, création des champs communautaires, élevage etc…

Bref, il convient de relever que les actions qui figurent dans le programme des membres de l’EKOAN MARIA se situent dans le cadre de celles que l’Eglise encourage et promeut, dans ce sens l’impact de cette confrérie au sein de l’Eglise n’est pas négligeable, autre chose cependant est de savoir si les résultats sont celles qu’on serait en droit de s’attendre.

D – Point de vue spirituel

Il s’agit de voir ici, comment l’EKOAN MARIA exerce par sa spiritualité une certaine influence dans la vie de l’Eglise. Trois points sont donc à relever : la place de la Vierge marie dans l’Eglise, la place de la femme dans l’Eglise et la spiritualité mariale.

1. Place de la Vierge Marie dans l’Eglise

Le premier exposé a certainement présenté la place qu’occupe la Vierge Marie dans la vie de chaque chrétien et dans l’Eglise.

Il nous suffirait tout simplement de relever que l’EKOAN MARIA a pour but, entre autre, de faire découvrir cette place prépondérante qu’a la Vierge Marie au sein de l’Eglise. Elle est la Mère de l’Eglise et la Mère de chaque chrétien. L’existence même de cette confrérie nous le rappelle.

Cependant, il convient de faire remarquer, comme l’indique la Constitution Dogmatique sur l’Eglise n° 62 qu’aucune créature ne peut jamais être mise sur le même pied que le verbe incarné.

Cependant la bienheureuse Vierge Marie, prédestinée de toute éternité pour être la Mère de Dieu a été généreusement associée à l’œuvre de la Rédemption à un titre unique. Elle occupe donc dans l’Eglise la place la plus élevée au-dessous du Christ. Cf. N° 54.

L’EKOAN MARIA est donc là pour rappeler aux chrétiens comme le dit le Concile que les Saintes Ecritures et la tradition de l’Eglise mettent toujours en lumière le rôle de la Mère du Sauveur dans l’économie du salut et le propose pour ainsi dire à notre contemplation. Cf. Const. Dog. Sur Eglise N°55

2. Place de la femme dans l’Eglise

L’EKOAN MARIA est aussi là pour nous rappeler la place que doit occuper la femme dans l’Eglise.

Ce serait une lapalissade que de dire que les fidèles de notre Eglise sont en majorité les femmes. Si les femmes désertaient l’Eglise, celle-ci se retrouverait vide. L’EKOAN MARIA participe donc par son action et par la présence de ses membres au sein de l’Eglise à la vie de cette dernière, et c’est la femme qui y est mise en exergue comme le témoigne, par ailleurs le bienheureux Jean Paul II dans sa lettre encyclique Redemptoris Mater en disant : « Ce lien spécial qui unit la Mère du Christ à l’Eglise permet d’éclairer davantage le mystère de la « femme » qui, depuis les premiers chapitres du Livre de la Genèse jusqu’à l’Apocalypse, accompagne la révélation du dessein salvifique de Dieu à l’égard de l’humanité. » J. P. II Redemptoris Mater N° 47.

Quand au Pape Paul VI, il dit : « on doit trouver normal, que les générations chrétiennes qui se sont succédées dans les contextes socio-culturels différents, en contemplant la figure et la mission de marie-Femme nouvelle et chrétienne parfaite récapitulant en elle les situations les plus caractéristiques de la vie féminine et tant que Vierge, Epouse et mère – aient considéré la Mère de Jésus comme type éminent de la condition féminine et comme modèle absolument remarquable de vie évangéliques » Marialis cultus, 36.

 

3. La spiritualité de l’EKOAN MARIA

 

En choisissant comme modèle à suivre la Vierge Marie, les membres de l’EKOAN MARIA suivent celle qui a toujours été considérée par la Tradition chrétienne comme « Le modèle de la perfection chrétienne ». Cf. Paul VI, Ecclesiam Suam.

 

Marie est prise comme modèle. C’est encore une fois ce que la doctrine de l’Eglise nous enseigne – non pas précisément pour le genre de vie qu’elle a expérimenté, d’autant moins que le milieu socio-culturel dans lequel elle s’est déroulée est aujourd’hui presque partout dépassé, mais parce que, dans les conditions concrètes de sa vie, elle a adhéré totalement et librement à la volonté de Dieu. Cf. Lc. 1, 38. Elle a accueilli la Parole et l’a mise en pratique.

 

Chaque développement authentique du culte chrétien, écrit Paul VI, entraîne nécessairement  un accroissement proportionné de vénération pour la mère du Seigneur.

 

La dévotion envers la Vierge Marie dévotion qui, dit-il, s’insère au centre du culte unique appelé à bon droit chrétien – car c’est du Christ qu’il tire son origine et son efficacité. C’est dans le Christ qu’il trouve sa pleine expression et c’est par le Christ que, dans l’Esprit, il conduit au Père -  est un des éléments qui qualifient la piété authentique de l’Eglise. Cf. Paul VI, Marialis cultus, 35

 

La Vierge marie a été la première et la plus parfaite disciple du Christ, voilà pourquoi le Pape Paul VI peut dire : « le culte de Marie est, à notre sens, une source d’enseignements évangéliques » Paul VI Ecclesiam Suam II

 

CONCLUSION

 

Au terme de ce bref parcours on est amené à faire un constat, c’est que la Vierge Marie et l’Eglise ne font qu’un.

 

L’amour pour l’Eglise se traduit en amour pour Marie, et réciproquement ; car l’une ne peut subsister sans l’autre comme le fait remarquer Saint Chromace d’Aquilée que cite le Pape jean Paul VI en disant : « L’Eglise se réunit dans la chambre haute (du Cénacle) avec Marie, qui fut la Mère de Jésus et ses frères. Donc, on ne peut parler d’Eglise si Marie, la mère du Seigneur, n’y est avec ses frères » Paul VI Marialis cultus, 27.

Cela nous a donc fait voir que l’action de l’EKOAN MARIA ne peut qu’être que l’action de l’Eglise elle-même, car c’est le même objectif qui est visé, à savoir l’évangélisation de l’homme dans son intégralité. C’est donc dans ce sens que nous avons eu à relever les points sur lesquels l’action de l’EKOAN MARIA a exercé jusqu’à ce jour, une influence certaine dans notre Eglise locale.

Il serait bien sûr prétentieux de dire que tout est parfait dans le meilleur des mondes, il s’agit ici d’un travail constant à faire et à poursuivre sans relâche. L’œuvre d’évangélisation l’exige, car des générations se succèdent les unes après les autres, et le même travail doit parfois, sinon très souvent, être répété.

Dans cet élan cependant, c’est le zèle apostolique qui doit toujours impulsé et diriger le mouvement.

Puisse l’Esprit Saint qui a couvert la Vierge Marie de son ombre, continuer à guider et à éclairer les membres de la Confrérie Sainte Marie « EKOAN MARIA » pour qu’elles demeurent toujours pour l’Eglise des témoins fidèles dont elle a tant besoin.

Je vous remercie pour votre bienveillante attention.