Homélie du 14 février 2012 à l’occasion de la Fête de Notre Dame du Bel’ Amour

Très chers confrères dans le sacerdoce,

Chers(es)  mariés(es),

Chers(es) jeunes,

Chers veuves, chers veufs, chers femmes et hommes libres,

Bien-aimés dans le Christ, bonne fête !

Aujourd’hui, c’est un grand jour pour nous. Nous célébrons ensemble le mystère de l’amour. Et en célébrant ce mystère de l’amour, nous voulons, en effet célébrer  la révolution de l’amour.

Nous sommes invités à faire de toutes nos journées, à faire de tous nos jours, des St valentins, des jours où l’on célèbre Notre-Dame du Bel’ Amour. Il s’agit, passez moi le terme de « valentiniser» cette journée, de valentiniser nos jours, de valentiniser notre environnement. Car si nous célébrons aussi Valentin aujourd’hui, le patron des amoureux, c’est pour que d’abord nous tombions amoureux du Christ et de l’Église tous les jours et, ensuite que nous puissions tomber amoureux de notre mari et de notre femme, selon que nous sommes il ou elle. La fête que nous célébrons aujourd’hui, ne concerne nullement les mariés « il et il », ni les mariés « elle et elle », simplement les mariés « il et elle », et ceux-là qui voudraient se consacrer au Seigneur par les vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. Comment révolutionner nos relations, notre environnement par l’amour ?

 

Regardons St Paul dans sa lettre aux Ephésiens chap 5. Il est dit deux paroles fortes : «mari aimez votre femme » et «vous les femmes, soumettez-vous à votre mari… » Cette phrase ne s’arrête pas là. Il s’agit d’aimer comme le Christ a aimé l’Eglise, s’est offert à Elle, comme le Christ s’est livré à l’Eglise en donnant sa vie pour Elle. Donc, aimer c’est se sacrifier pour celui qu’on aime. Aimer, c’est s’offrir à cœur joie pour celui qu’on aime ou pour celle qu’on aime. Aimer c’est rechercher le bien de celui ou de celle que l’on aime,  à temps et à contre temps, surtout en temps de trahison et d’épreuve. On saura qu’on aime mieux sa femme, on saura mieux qu’on aime son mari en temps d’épreuve, en temps de trahison. Non parce que la trahison est une bonne chose, mais parce que la trahison, en tant qu’épreuve, dont parle St Jacques, mesure la densité, la qualité de notre foi, de l’élévation de notre amour. L’épreuve devient alors le baromètre de tout amour. L’amour se prouve, l’amour s’éprouve et l’amour s’élève et élève l’autre. Souvent, certains hommes ont confondus se soumettre à « esclavagiser » l’autre. Faire de la femme une esclave ! Non. Peut-être, l’amour nous rend tous esclaves des autres, au point où les belles-familles ne comprennent pas toujours ce qui nous arrive. C’est pourquoi elles disent à l’endroit de l’époux, de notre frère:   cet homme n’écoute plus que sa femme depuis qu’il est marié ! On ne comprend même plus notre frère, il n’écoute que ce que sa femme dit. De l’autre côté, on dit aussi : mais cette femme n’écoute que ce que son mari dit. C’est bien, si vous le faites, si les gens le disent, ceci veut dire que vous êtes véritablement unis tous deux. Parfois le mauvais rôle des belles familles, de l’ennemi c’est de vous diviser pour mieux régner ; c’est de trouver une faille pour vous diviser et pour vous mettre dos-à-dos. Or si vous parlez un seul langage, voire un seul discours, celui de l’unité alors, le malin n’aura jamais prise sur vous. Dans aucun couple on ne pourrait dire qu’il n’ya pas de problèmes. Dans tous les couples il ya des problèmes. Mais nous avons vu samedi dernier comment, pédagogiquement, gérer les conflits, les problèmes. Les problèmes gérés  sainement   et de manière adulte nous élèvent  et vérifient de la qualité de notre foi, de la qualité de notre donation à l’autre. Il ne faut pas rechercher les problèmes, mais il faut accueillir dans la foi les problèmes qui nous arrivent au quotidien.  Car ensemble, on se donne l’un à l’autre pour apprendre à se gérer ensemble et à gérer le quotidien. Cependant, mais seulement, il ya un fait qui n’est pas toujours appréciable dans certains continents. Je crois encore en l’amour chez nous, mais je ne crois pas assez à l’amour matrimonial tel que vécu dans certains continents.  Pourquoi s’y marie-t-on, en fait ? On se marie pour payer régulièrement les factures ensemble, pour se réchauffer pendant le froid et pour partager les moments de stress ensemble.  Où est donc l’amour (là dedans) ? Alors, si on se marie pour des problèmes économiques, parce que madame travaille et monsieur travaille, le jour où madame ne travaille plus, malheureusement l’amour baisse d’intensité et court  des risques de disparaître. Ce n’est pas encore là de l’amour vrai. Or chez nous, on sait encore s’aimer. Quand on voit une femme qui, malgré la compression/le chômage de son mari, cherche les moyens pour faire vivre toute la famille. Quand on voit cette “bayam sellam”, qui ne vend que de la tomate, des papayes, du plantain, voire aussi des avocats, a su élever avec succès tous ses enfants aux côtés de son mari. Tel est le pouvoir de l’amour comme sacrifice et abnégation. S’aimer c’est aussi savoir risquer la confiance, au moment où la confiance n’est plus assez l’apanage de l’homme d’aujourd’hui.

Chers couples, vous avez pris le risque de venir exprimer qu’il vaut encore la peine de faire confiance au Seigneur. Et le Seigneur accueille votre don, votre offrande, comme jadis il a accueilli l’offrande de Notre-Dame du Bel’ Amour. Au moment où aujourd’hui, on pense que aimer c’est rechercher du profit sur l’autre ; c’est calculer comment tricher,  comment soutirer, arracher, jouer avec l’affection de l’autre, l’argent de l’autre, les biens des autres. Vous acceptez aujourd’hui de vous réinscrire à l’école du vrai amour, de l’amour durable en Christ.

Quand j’étais élève (1989…), nous avions un responsable d’établissement, qui nous donnait des conseils sur la manière avec laquelle on pouvait réussir nos études et notre insertion en Europe. Ces orientations pense-je, ont dû changer ma vision 1er sur mon vouloir devenir prêtre. Elles m’ont amené à rêver de l’occident pour commencer à me réaliser comme prêtre demain. Ce responsable nous invitait à être  très réaliste. On avait alors 18ans. On l’écoutait attentivement, il nous disait : «  si vous allez au canada, aux USA, en France, en Belgique. S’il se présente à vous l’opportunité de vous engager au mariage, à l’état civil n’hésitez pas à le faire. Au moins vous obtiendrez les papiers de séjour (long) et vous pourrez poursuivre (en paix) vos études. Bandez-vous seulement les yeux, meme-si c’est avec de vieilles femmes, les 75- 80 ans,  l’essentiel serait que dès qu’elle meurt, vous héritez de ses biens. Évidemment, c’était bien compliqué. Mais il est né en nous le désir d’aller découvrir  comment on y vit. Osez vraiment faire une telle aventure est contraire à notre culture. Mais certains camarades y sont tout de même  allés chercher fortune. Certains ont plus ou moins réussis, d’autres peut-être pas. Où est donc l’amour en cette démarche matrimoniale ?   Vous signerait un acte de mariage en serrant les dents, en fronçant les sourcils, en fermant les yeux, en donnant une bise en disant : « a nti women wa yen a  fò me ngòl, women woyen, ndzug obele ma mu ». C’est de l’amour par intérêt. Et puis, certaines jeunes filles, effectuent des mariages extra culturels. Honnêtement, je crois en la vie … qui en découle peut-être à 15%, mais les 85% restent à réviser, par ce qu’habituellement, ce que nous constatons comme conséquence, n’est pas toujours très agréable. Je n’ose pas vous dire ce que vous connaissez mieux que moi sur ce terrain glissant.

C’est pourquoi l’Évangile d’aujourd’hui, nous invite à quitter ce malaise, ce corollaire négatif de l’amour, pour arriver à un amour éternel. Car l’amour c’est Dieu lui -même, il est sans divorce. En divorçant, il faut aussi divorcer avec les enfants, il faut aussi divorcer avec de sang commun ; passez-moi le terme. Quand vous allez avec votre femme, vous recevez de son sang, elle reçoit du vôtre. Alors il faut aussi divorcer de ce sang-là. Comment vous allez divorcer ? En effet, on est tous  hypocrites. Vous voyez, le divorce, c’est la manifestation même de l’hypocrisie de l’homme. Peut-être ceux qui divorcent seraient-ils courageux, car certains divorcent déjà par leur contre témoignage. Ils abandonnent leur foyer sans crier garde, ils vont trouver domicile ailleurs avec un autre homme ou une autre femme, ils ou elles s’occupent juste des enfants, plus de la femme/l’homme. Ou encore, cette femme éprise d’un autre homme, va loger chez cet homme là au mépris de son mari. Si cela nous  arrivait, il s’agit de dire comme Pie XII, « Homme, souviens-toi de tes fins dernières ». Il faut toujours se souvenir de ses 1ers amours, et ses fins dernières, voilà pourquoi en  célébrant  Notre-Dame du Bel’ Amour aujourd’hui on devrait répondre à une question. « E djam di yi nga tare ya ? Comment est-ce que cette belle histoire a commencé ? » Est-ce que c’était dans les sissongo ? Est-ce que c’était sur le chemin de l’école ? Est-ce que c’était au cinéma ? Est-ce que c’était dans une boîte de nuit ? Est-ce que c’était au cours d’une rencontre fortuite à l’église ? Est-ce que c’était la « copine » d’une amie ou alors la « copine » de votre grande sœur ou de votre petite sœur ?  Ai-je bénéficié d’un entremetteur, d’une entremetteuse ? Comment mon amour a-t-il commencé ? Voilà pourquoi nous faisions un exercice dans ce sens samedi dernier. Pour d’authentiques africains que nous sommes, avec tout le lot de nos tabous, en disant « toi, redonne le petit nom de ta femme et toi aussi redonne le petit nom de ton mari ». Dites-vous ce que vous vous dites souvent à l’oreille au moment le plus serein. Et c’était beau, ça faisait un peu de vacarme, mais c’était beau et émouvant que les adultes redécouvrent la jeunesse de l’amour. Et nous avons compris, par ces exercices, que l’amour nous rend jeunes, c’est là l’éternelle jeunesse de l’amour. Quand on aime, on reste jeune à vie. C’est pourquoi certaines personnes disent souvent, peut-être  maladroitement, que « l’homme vieillit mais le cœur pas », « nnem wa yombo ki, mod ya yombo ». Parce qu’il ne s’agit pas de l’homme lui-même. En fait, c’est l’amour qui ne vieillit pas. Et quand on entre dans « l’osmose de l’amour », on entre aussitôt dans l’éternité ; on entre dans la régénérescence, l’innovation, le renouvellement ; on entre dans l’éternité ; et là on ne vieillit point. En achevant cette causerie, je voudrais vous rappeler ce que vous connaissez assez, à savoir ce qui vous fera durer dans l’amour : c’est votre capacité à séduire. Développer la force de séduction. Nous savons déjà séduire Dieu, sachons aussi séduire notre femme/notre époux. Pourquoi aller séduire possiblement à l’extérieur ? Dans le concubinage, pourtant on a honte de séduire notre conjoint (e) à la maison. Les belles paroles que vous « exportez » ailleurs, pourquoi ne pas les réimporter pour qu’elles soient véritablement et sincèrement dites, non dans « l’obscurité » mais dans la lumière, en vous regardant dans les yeux comme pour lire l’âme de l’autre, et dire comme vous allez le faire tout à l’heure, chacun selon une formule adaptée. Quand je dis vraiment : « Yvonne, est-ce que tu m’aimes encore fort ou très fort comme au premier jour ? »  Je vais répondre : « mon cœur n’a jamais balancé pour un autre que toi, il a toujours balancé comme une balançoire pour toi ». Vous voyez, ce genre de paroles, c’est ça la jeunesse de l’amour. Il ne faudrait pas avoir honte de les prononcer. Tout ce que vous faites de bien comme époux et épouse, mariés à l’Eglise, le Seigneur l’a déjà validé, avant que vous ne mettiez par écrit vos paroles, c’est déjà validé. N’ayez pas honte de dire : « j’apprécie ton habit » ou « tu es très belle avec ta tenue  ma chérie» ou « La chaussure là te fait ressembler à un ange, l’ange Gabriel qui rendit visite à Marie ». Pourquoi vous ne pouvez pas le dire. Si vous voulez des formules, vous pourrez les apprendre.

Séduire tous les jours, éviter la routine, priez ensemble tous les jours, plus on prie ensemble, plus on se soude ensemble, plus on a la force de résoudre beaucoup de problèmes ensemble. Ayez toujours le souci d’aller rencontrer votre accompagnateur spirituel pour vos problèmes spirituels et la confession. Que chaque couple, que chaque famille ait son père spirituel. Insistez à rencontrer votre père spirituel, appelez le autant que possible ; qu’il vienne, amenez-le là où vous voulez, mais ne le portez pas dans votre sac. Parce qu’un père spirituel n’est pas portatif. Son rôle, c’est de vous dire la vérité telle que l’Evangile la prescrit. Même si vous lui donnez des subsides, il doit préférer le Christ à ces subsides, et dire, au nom de la vérité, je préfère perdre les subsides et vos bienfaits. C’est le rôle du père spirituel. Et finalement, ayons un st patron, une sainte patronne, et ayons sa statue autant que possible à la maison. Invoquons les prévenances de ce st patron, pour qu’il intercède pour nous, qu’il prie pour nous, et nous inspire l’exemple à suivre. Que son exemple nous donne aussi d’aller très loin car, comme le dit Stephen COVEY (leadership specialist)  dont nous avons aussi parlé samedi passé, « le bon comportement c'est-à-dire  le modèle impulse à la conversion 90% de personnes tandis que les belles paroles, même séduisantes convertissent uniquement 10% de personnes.» A la séduction, joignons le témoignage de vie. La vie comme modèle, cette vie de prière à travers une spiritualité sans cesse dynamique.

 

 

Puisse Notre Dame du Bel’ Amour intercéder pour nous :

Prière à Notre Dame du Bel’ Amour

Father Roger Antoine EVOUNA

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