Dimanche, 03/06/12

Homélie à l’occasion de la Solennité de la Très Sainte Trinité

Bien-aimés dans le Christ, nous célébrons aujourd’hui la Solennité de la Très Sainte Trinité.

La Très Sainte Trinité, c’est le mystère d’un seul Dieu en trois personnes, égales et indivisibles, inséparables. Il s’agit de la triple réalité divine et diverse du Père, du Fils et de l’Esprit qui fait la communion d’amour entre le Père et le Fils.[1]

La première chose que nos parents nous ont apprise est très probablement le signe de la croix : au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Au nom du Père (sur le front) : donne l’Intelligence et la Sagesse à ma tête ; et du Fils : donne la foi et l’amour à mon cœur et du Saint Esprit : donne la force et la puissance à mes épaules pour que je puisse t’aimer et te servir.

La dernière chose qu’un prêtre fait devant notre dépouille (graveside) est de faire le signe de la croix sur notre corps. Toute vie chrétienne est marquée “au nom du Père, et du Fils et du Sainte Esprit”.

Les textes bibliques du Dimanche parlent souvent du Père comme celui de qui vient la vie, son auteur. Il envoie son Fils ou le Verbe (Parole) pour le salut de tout homme, tout l’homme et de tous les hommes ; il communique l’Esprit en vue de notre nouvelle naissance.

A travers la 1ère lecture de ce jour, nous apprenons que l’Ancien Testament ne connait point Dieu comme Père, Fils et Esprit Saint ; la Trinité est plutôt une révélation du Nouveau Testament. Cependant, il y a un triple aspect dans l’expérience de la 1ère lecture :

« Dieu est Un lui-même, immanent (en bas sur la terre) et transcendant (en haut dans les cieux) », il « se révèle lui-même (en parlant du milieu du feu ardent : Ex 3), « en créant une réponse dans le cœur des fidèles (ceux-ci gardent ses décrètes)

Comment l’homme fait l’expérience de ce Dieu dans sa vie ?

Dans l’Evangile de ce jour, Jésus dit à ses Apôtres et nous aujourd’hui : ‘De toutes les nations faites des disciples. Baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint -Esprit (Evangile Mt.)

Le Père n’est « Père » que parce que, se renonçant totalement, il passe tout entier en son Fils. Le Fils n’est « Fils » que parce que se renonçant, il est tout entier « don de soi » à son Père. L’Esprit n’est rien, s’il n’est l’Amour mutuel du Père et du Fils. Dieu est Amour.

Le grand projet de Dieu, que Jésus confie à ses Apôtres, à son Eglise, vise à « plonger » (=baptizô) l’humanité dans les relations d’amour qui unissent parfaitement le Père, le Fils, et l’Esprit. Le « signe » du baptême, qui est identiquement, le signe de la croix, c’est « la vie pour les autres ». Nous sommes baptisés « au nom de l’Amour ». Nous sommes plongés dans ce courant-là ! Voilà le « programme » de l’Eglise.[2]

La présence de Dieu dans l’histoire des hommes est effective, mais elle ne sera mieux effective que si nos projets d’amour se changent en programmes d’amour et si nos programmes d’amour se changent en témoignage cohérent, efficient, éloquent. Et si ce témoignage se renouvelle de jours en jour et s’actualise dans ce que le Pape Benoit XVI appelle la ‘charité sociale’3, une charité sociale sans cesse inventives. Notre mission primordiale aujourd’hui est de gagner le monde entier au Dieu Amour. Le Dieu Un et Trine qui est nécessairement le Dieu de la totalité. Nous remarquons la solennelle répétition, quatre fois (dans l’Evangile de ce jour) de l’adjectif « tout ». Une quadruple totalité, une quadruple plénitude universelle définissant l’action de Jésus. Il s’agit de la totalité de l’action divine, qui prend corps dans la totalité de l’espace terrestre, pour transformer la totalité de l’agir humain4. Il s’agit pour nous de ‘donner’ des perfusions d’amour au monde : au cœur de nos communautés chrétiens, des familles, des lieux de vie, dans nos lieu de service, afin que le monde soit gagne par l’amour du Christ.

A travers le mystère que nous célébrons aujourd’hui, nous comprenons que nous en tant que hommes, sommes des êtres relatifs, reliés à d’autres ; semblables et inséparables, comme le sont les personnes divines. C’est à travers le mystère de la Très Sainte Trinité que l’on comprend mieux le mystère de la famille. Ce n’est pas un conglomérat d’individus juxtaposés. Mais une communauté de personnes qui s’ouvre les unes aux autres tout en gardant leur différence et leur identité propre : la mère est différente du père, le père du fils et la mère du fils ou de la fille et vice versa.

On comprend alors pourquoi l’homosexualité, l’inceste, la zoophilie la pédérastie, la masturbation rament à contre courant de l’amour trinitaire. Ce sont des cimetières de l’amour trinitaire, de l’amour vrai et authentique. Car l’homosexualité précisément demeure qu’une “hérésie schismatique” contre la foi et l’amour authentique. Il fait perdurer l’homme dans un état infantile et fœtal semblable à l’état du fœtus dans le sein maternel ou il est englué dans le liquide amniotique; il s’agit d’un amour fusionnel non de différence et non différentiel. Et parce que non différentiel, il exclut toute différence et toute vraie altérité.

L’amour vrai devra également être écologique : respectueux des hommes, des femmes, des enfants, des animaux, des végétaux et concourant à leur bien propre.

Chère frère et sœur, face à un tel enterrement de l’amour trinitaire, faisons encore notre la parole du saint Père Benoit XVI lors de la messe inaugurale de son pontificat le 24/04/05 à 10h00 à Rome : N’ayez pas peur, au contraire ouvrez tout grand les portes au Christ. C’est ce Christ qui purifiera notre mal être et notre mal aimer, il le transformera en amour vrai et authentique.

Dans un monde en quête de “paradis sans Dieu”, pour parler comme le Pape Benoit XVI, ‘allons à la conquête d’un amour chaste, vierge et libéré des tendances de la chair pour que le monde ait plus de sauveur, donnons une couleur divine à notre amour, donnons une odeur angélique à notre amour.

Œuvrons ensemble en faveur d’un nouvel impérialisme du monde par l’amour trinitaire. Cet impérialisme consistera à faire sans cesse du cœur de l’homme, le paradis de Dieu (comme le dit le Pape Benoit XVI) ; le cœur de l’homme n’est-il pas le paradis de Dieu ?

Puissent nos familles, nos communautés de vie souvent gagnés par des égoïsmes, des sadismes, des masochismes, des pyrrhonismes verbaux, des divisions, se laisser consumer au creuset de l’amour trinitaire, en redonnant nos relations une épaisseur anthropologique et une densité spirituelle et éthique.

Acceptons à procéder à le “revirginisation” de nos sens externes et internes par les mérites de l’amour trinitaire. Ceci n’est possible que si nous nous ouvrons à un itinéraire néo pascal, de conversion, de convergence de vue avec le Christ, de prière constante.

Dans un monde qui prône la laïcisation de l’amour, la Trinité Sainte nous invite à la divinisation de l’amour en Dieu un et Trine.

Seule la Trinité Sainte peut dédouaner nos amours passagers, volages immanents (fermés dans le temps et l’espace) pour les transformer en amours éternels, transcendants.

Seigneur, délivre-nous de 7 choses “péchés capitaux” qui peuvent nous détruire aujourd’hui selon Mahatma Gandhi :

1. La richesse sans le travail

2. Le plaisir sans la conscience

3. Connaissance sans le caractère

4. Le commerce (les affaires) sans la moralité

5. La science sans l’humanité

6. La religion sans le sacrifice (ni don de soi)

7. La politique sans les principes vrais (et respectueux de la dignité humaine)

Il nous faut redécouvrir la vraie boussole morale, éthique et spirituelle qui s’enracine, se fonde et se réalise en la Très Sainte Trinité seule.

Seigneur donne-nous la grâce d’aimer gratuitement, joyeusement, courageusement, comme des frères qui s’aiment vraiment. Donne-nous l’humilité de nous laisser séduire par l’amour trinitaire et de séduire le monde de l’irradier par un amour vrai, chrétien, sincère et authentique.

Que Marie Notre Dame de la Trinité intercède pour nous, afin que par toute notre vie, nous puissions correspondre à l’amour trinitaire ; qu’elle nous présente chaque jour à l’Autel de son Fils comme offrande de bonne odeur.

Amen

Reverend Father Roger Antoine EVOUNA


[1] Joseph de Baciocchi Espérer aujourd’hui en Jésus Christ : le dynamisme de l’Evangile

[2] Noel QUESSON, Parole de Dieu pour chaque dimanche, p 122. Dimanche de la Sainte Trinité.

3Deus Caritas est, n.

4 Noel QUESSON. Parole de Dieu pour chaque Dimanche. Dimanche de la Sainte Trinité. p. 121.

 

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