Homélie du jeudi 17 janvier 2013
He 3,7-14 ; Ps 94 ; Mc 1,40-45
Thème : Trouver Jésus et se donner à lui sans partage « Qui cherche trouve », dit l’Evangile (Mt 7,5...)
Chers frères et Sœurs en Christ loué soit Jésus-Christ !
A travers les textes liturgiques de ce jour, je nous invite à méditer sur le thème suivant : Trouver Jésus et se donner à lui sans partage.
En effet, le lépreux entend parler de Jésus. Il le Cherche. Il va le trouver et reconnaît que Jésus est Dieu. Et Comment ? Par des attitudes de prières : (celles du corps et celles de l’Esprit)
1) Il tombe à ses genoux : signe d’adoration
2) Il fait un acte de supplication : acte d’humilité, d’abandon face à la toute-puissance divine d’amour.
3) Pose son problème sans ambages et sincèrement : si tu le veux, tu peux me purifier
Si n’est pas un si hyperbolique, ni un si qui traduit un doute, ni un si de soupçon, voire de remise en cause.
Si tu veux !
Si ici, est un si de confiance, d’ouverture, de disponibilité, de liberté intérieure, de soumission, d’abaissement à la souveraine volonté de Dieu. C’est cette volonté qui crée le monde par amour. Cette volonté de Dieu est puissance qui transforme de l’intérieur l’Homme lui-même. Cette volonté est la force qui libère l’homme de son péché, de ses fautes, de ses limites, de ses crises, de ses culpabilités.
Si tu veux !
Ce si, rejoint, de quelque manière, le passage suivant de la prière du Notre Père en ce passage : Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Si tu veux revient à : si ton projet, si ton plan, sur moi consiste à me purifier, Seigneur, je le veux avec Toi, je veux Ton vouloir, je veux que ta sainte volonté puisse me purifier. Jésus sent la sincérité du lépreux. La souffrance, la peine, le malheur de ce lépreux le tient aux entrailles :
(Telle est la pitié de Jésus). Jésus dit la parole qui sauve ; je le veux, sois purifié. Et à l’instant même, sa lèpre le quitte ; il est purifié.
Attention rappelle Jésus, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre. Et donne pour ta purification ce que Moïse prescrit dans la Loi. Cette prescription de Jésus renvoie à deux problèmes contextuel et Théologique :
I) Problème Contextuel
En Israël, la maladie est la conséquence du péché. Tout comme la mort. Et la lèpre particulièrement, est une maladie grave et très contagieuse qui sépare le malade d’avec la communauté des croyants et de la famille.
Le malade est isolé ; il ne peut entrer au Temple ni à la synagogue pour louer le Seigneur et offrir des sacrifices d’oblation. C’est une maladie qui détruit physiquement ; elle vous ronge systématiquement les mains, les doigts ; elle vous détruit la peau qui pourrait devenir semblable, dans certains cas, à celle d’une vipère. Tout contact physique, structurel ou logistique avec un malade lépreux, vous rend malade, vous en êtes contaminés.
Ainsi, Chaque fois qu’un lépreux rencontrait par inadvertance une personne saine ou bien portante, le lépreux devait se mettre de côté, céder le passage en criant à tue-tête : impur, impur !éloignez-vous ! Il gardait les yeux fixés au sol, sans jamais lever les yeux sur le passant qu’il croise. Or Jésus brise la Loi du Lévitique, le signe indien. Il rompt d’avec cette coutume, cette Loi mosaïque qui condamne même les innocents, les laissés-pour-compte. Il touche le lépreux ! Il le guérit et lui confère une nouvelle existence ; il rétablit le malade dans l’innocence et la virginité de la Genèse. Il lui assigne une nouvelle mission en ces mots : va te montrer au prêtre…..Ta guérison sera pour les gens un témoignage. Selon la coutume, il fallait se montrer au prêtre qui devait attester officiellement qu’on est guérit et le consigner dans un registre qui en fait foi et que l’on garde soigneusement. Il devait ensuite le déclarer à toute la Communauté afin que nul n’en ignore. Sa mission est d’être signé de la toute puissance d’amour de Dieu au milieu de ceux qui doutent, désespèrent, peinent, refusent Dieu. Il devient un signe de contradiction pour le monde ; une merveille éloquente qui devrait porter les endurcis à adhérer au Christ. C’est ce même Christ qui invite le lépreux à ne rien dire à personne au sujet de sa guérison: tel est le secret messianique.
II) le secret messianique
Le secret messianique, dont parle l’Evangile de Marc est une pédagogie pastorale et prophétique de Jésus, à travers laquelle il veut voiler sa vraie identité tout au long de son ministère public, lorsqu’il accomplit des gestes sauveurs (miracles). Jésus ne laisse révéler sa propre et vraie identité que sur le bois de la Croix, l’Autel de sa souffrance ; lors de sa Passion, sa mort en croix et sa résurrection. L’on se rappelle alors la parole du Centurion Romain devant le corps sans vie de Jésus : Cet homme était vraiment le fils de Dieu.
Bien-aimés dans le Christ, cet Evangile et particulièrement, le miracle de la guérison du lépreux nous montre que le péché, comme certaines maladies peut nous couper de la communion d’avec l’Eglise notre Mère. Ainsi pour tout être réadmis dans la communauté des fidèles du Christ, nous devons aujourd’hui, et non pas demain, entendre la voix du Seigneur, qui devrait adoucir notre cœur, nous rendre plus disponibles à intégrer sa parole.(Cf. 1ère lecture).
III) Parénèse : purifier notre cœur et notre regard corrompus
Aujourd’hui, c’est pour nous comme une sonnette d’alarme. A la suite du pape Benoit XVI : exhortons-nous les uns les autres à( ouvrir nos cœurs et à y laisser entrer le Christ). Notre cœur est le domicile du Christ Jésus dans notre vie, c’est de notre cœur qu’il peut nous purifier de nos diverses lèpres : lèpres spirituelle (sectes, idoles), morale (manque de jugement, conscience…), académique et scolaire (tricherie, paresse), professionnelles (corruption…), lèpre sociale (bureaucratie, inertie professionnelle et administrative, corruption, lutte des clans et de positionnement, trafic d’influence…).
Plus préoccupante encore, est la lèpre de certains de ceux qui gèrent le trésor public. Et si leur lèpre guérissait plus tôt, que de vies humaines seraient sauvées, délivrées… !
En cette année de la foi proclamée par le du pape Benoit XVI (jusqu’en novembre prochain), redécouvrons ensemble la vraie dynamique et la vision fondamentale de notre foi au Dieu de Jésus Christ : un Dieu jaloux qui n’admet aucun syncrétisme moral ou spirituel.
Dans cet élan de la foi, je veux prier spécialement aujourd’hui pour des fonctionnaires et agents du Ministère des Domaines et Affaires Foncières qui se sont transformés de Visu en Ministère de libre tarification des lopins de terre des pauvres.
Pour le Ministère de la Justice et de la Garde des Sceaux, transformé par certains agents, animés d’esprits incubes et succubes en Ministère de l’injustice publique.
Pour le Ministère de l’Administration Territoriale (tout court) que des corrupteurs et corrompus ont transformés en Ministère des descentes sur le terrain exécrables et aux tarifs conceptuellement codifiés.
Seigneur, nous souffrons tous d’une lèpre grave. Seule ta grâce peut provoquer notre guérison intérieure. Et si seulement 40% d’entre nous tous guérissions de notre lèpre, et nous mettions résolument et systématiquement au travail, alors le Cameroun deviendrait le pays le plus envié, l’Eden de nos rêves, le Jardin dont tout le monde voudrait honnêtement se revendiquer être le Jardinier, à quelque niveau que ce soit.
Alors, tout serait odoriférant, flamboyant, rayonnant, édifiant, transfigurant.
IV) Prière
Saint Antoine Abbé, (IIIe et IVe s.) a accepté de laisser sa vie être irriguée par la grâce de Dieu qui l’a transfigurée entièrement dès lors qu’il a entendu cette parole : si tu veux être parfait, va vends ce que tu as, donne-le aux pauvres et suis-moi .
Saint Antoine, fondateur du Monachisme chrétien, obtiens-nous par ta prière de sortir de nos solitudes coupables pour accueillir la vraie solitude qui consiste à être seul à seul avec Dieu. Puisse ton austérité héroïque de vie nous édifier de jour en jour.
Marie, Notre Mère, Mère digne de louanges, reste auprès de nous, sois avec nous, souris-nous, afin que notre espérance ne soit ni vaine, ni dessinée à l’avance, mais plutôt ouverte à un avenir que nous voulons construire avec toi, dès aujourd’hui.
Amen.
Father Roger Antoine EVOUNA
Recteur de la Cathédrale
