Homélie du 9 mars 2014

Bien aimé de Dieu loué soit Jésus Christ !

Mercredi dernier nous avons ouvert le Carême par une journée de jeûne et d’abstinence afin de nous préparer au combat spirituel que nous devons mener  à la suite du Christ pendant quarante jour. Avant de nous engager dans la méditation des textes de ce jour, je voudrais revenir un temps soit peu sur la prière d’ouverture du mercredi des cendres « Seigneur, tu aimes tout ce qui existe, et tu n’as de répulsion pour aucune de tes créatures ; tu fermes les yeux sur les péchés des hommes : tu les invites à la pénitence, et tu leur pardonnes car tu es le Seigneur notre Dieu. »

En cette prière j’ai pu ressentir avec une force particulière l’amour que Dieu manifeste à chaque élément de la création et plus encore à l’humain malgré ses limites et ses méchancetés. C’est un Dieu magnanime qui s’y révèle. Partant de ce cri d’espérance, nous nous rendons compte que le Carême loin d’être un temps de tristesse, un temps pour se fustiger, pour nous accabler, est un temps qui invite à être vrai ! vrai avec soi même, vrai avec Dieu. Pour cela c’est le temps par excellence au cours duquel nous faisons l’expérience de la bonté de Dieu et ou nous disposons à nous laisser conduire par sa main puissante. Si nous avons l’habitude de lire la Parole de Dieu en regardant le prochain, le temps de Carême nous invite à nous mettre devant cette Parole comme face à un miroir pour laisser refléter sur notre vissage l’amour d’un Dieu qui est prêt à tout donner par amour l’homme.

C’est avec un arrière plan que je vous invite à lire les textes de ce jour. De fait la première lecture  nous parle de la première tentation de l’homme. Par homme j’entends ici le mâle et la femelle de l’humain en même temps. C’est souvent amusant comment dès la première minute du péché, l’humain apprend à se défendre en jetant la faute sur l’autre. C’est la femme que toi Seigneur tu m’as donné, non ce n’est pas moi c’est le serpent. C’est dès la première faute que l’homme trouve des raisons pour se faire une conscience tranquille alors sa liberté est mise à l’épreuve. De nos jours encore nous  fuyons devant nos responsabilités et les choix qui par la suite conditionnent nos vies en donnant l’impression que le mal c’est les autres. L’attitude de Jésus dans l’Evangile invite à prendre le recul pour mieux saisir le sens de nos choix.

Je voudrais faire ici une lecture parallèle de la première lecture et de l’évangile :

  • Ø Dans les deux textes, il ya un tentateur qui sème le doute dans les esprits, dans le premier cas c’est le serpent, dans le second, c’est satan.
  • Ø La méthode dans les deux cas est la persuasion en semant du doute dans l’esprit du tenté. Le tentateur se délecte dans une démonstration de connaissance des phénomènes et donne l’impression d’avoir la maitrise de la situation et laisse donc apparaitre sous un jour lugubre la recommandation de Dieu rendant par le fait même plus attrayant ce qui jusque là n’avait aucune importance aux yeux du tenté ou que du moins était répugnant. La femme avait vécu jusque là dans le champs sans se poser des questions sur l’arbre aux fruits défendu, elle avait tout ce dont elle avait besoin et menait de façon candide son existence d’enfant de Dieu. Il a fallut le serpent pour que le fruit lui paraisse subitement attrayant. Jésus venait de survivre pendant 40 jour dans un désert sans manger il n’a pas éprouvé le besoin d’user de force divine pour se procurer du pain mais le tentateur pensant utiliser un moment de faiblesse de sa part lui rappelle qu’il est capable de faire des miracles pour répondre à ses besoins naturels. Evidemment la réponse de Jésus est leçons de prudence pour nous.
  • Ø Dans le premier cas l’homme est faible et se laisse aller c’est la situation de l’homme qui s’éloigne de Dieu et qui de quelque façon devient incapable de discernement et coule très facilement au fond du ravin, l’homme avait-il vraiment besoin de manger de ce fruit ? pas du tout, il n’était même pas en situation de manque ; Il pouvait s’en passer par obéissance au Créateur. Et c’est là qu’il tombe. Dans le cas de Jésus nous sommes en situation de manque. Il a faim mais il résiste parce que son lien à Dieu est si fort qu’il ne peut pas laisser le tentateur se glisser entre eux. C’est la deuxième leçon que le Christ nous donne en ce jour : ne laissez jamais le doute vous envahir, face à l’incertitude, aller vers le Seigneur il vous donnera des forces neuves. Ainsi Dieu est la force de sa créature.

Chers frères et sœurs,

Nous arrivons à la conclusion que l’homme ne peut rien produire sans l’appui du très haut. La vie humaine est un perpétuel combat de tentation et de résistance à opposer aux assauts du malin.

Comme Adam et Eve, Jésus a connu, lui aussi, la tentation. Nous y voyons que Satan s’est servi de la Parole de Dieu pour le détourner de Dieu. C’est aussi ce que nous voyons avec les sectes. Elles utilisent la Bible pour semer le doute. Mais Jésus ne s’est pas laissé avoir par le discours de Satan. C’est vrai qu’en tant que Fils de Dieu, il peut accomplir des miracles. Le diable lui propose d’en faire un en sa propre faveur.

La première tentation que Jésus a connue est due à la  faim : « Ordonne que ces pierres deviennent du pain ». La réponse de Jésus est sans appel : « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Jésus se présente comme le nouvel Adam qui reçoit du Père sa mission de Fils. Désormais ce ne sont plus des pierres qui seront transformées en pain. Mais les cœurs durs comme des pierres deviendront tendres comme du bon pain en se laissant pétrir par l’amour.

L’Evangile nous parle ensuite du temple. C’était l’endroit privilégié où montait la prière d’Israël. A plusieurs reprises, les prophètes avaient dénoncé le « culte inutile » qui s’y pratiquait : « Ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est loin de moi ». Au lieu de servir Dieu, on se servait de lui. Jésus refuse ce marchandage. Il n’utilisera pas le temple pour ses intérêts personnels. Sa mission sera de purifier ce temple qui est devenu une « maison de trafic. Le miracle de Jésus ne sera pas de sauter du haut du temple mais de remettre debout tous les handicapés du corps, du cœur et de l’esprit. « Je ne suis pas venu pour les bien portants, mais pour les malades »

Dans la troisième tentation, Satan montre à Jésus comment lui, le démon, domine le monde. Ce pouvoir, il le propose à Jésus à condition qu’il se prosterne devant lui. C’est la tentation de la puissance et de l’avidité. Dans l’Ancien Testament, nous lisons que le peuple d’Israël s’est prosterné devant le veau d’or. Notre monde actuel continue à se prosterner devant l’argent, le pouvoir et les biens de consommation. Des propositions de vie facile emportent une jeunesse souvent avide de pouvoir et d’honneur. Jésus a fait le choix inverse. C’est sur ce chemin qu’il veut nous entraîner tout au long de ce Carême.

Le Christ a été victorieux d’abord par le discernement. Il a bien vu que le diable trahit l’Ecriture. C’est la tentation du mensonge et de l’orgueil qui nous détournent de Dieu. Durant ce carême, nous serons invités à suivre le Christ au désert pour nous associer à son combat et à sa prière. Aller au désert, c’est rechercher des temps de silence pour une vraie  rencontre avec Dieu. Avec lui, nous serons plus forts dans notre lutte contre les forces du mal. Avec lui, nous apprendrons à rejeter toutes les publicités mensongères qui courent dans le monde et qui nous détournent de l’Evangile. La Lumière de la Parole de Dieu nous est offerte pour éclairer notre vie. Que cette bonne nouvelle ravive notre espérance et notre joie. Je voudrais conclure par la prière post communion de ce jour :

« Le pain que nous recevons de toi, Seigneur, vient renouveler nos cœurs ; il nourrit la foi, fait grandir l’espérance et nous donne la force d’aimer ; apprends-nous à toujours avoir faim du Christ, seul pain vivant et vrai et à vivre de toute parole qui sort de ta bouche ». Amen

Abbé François Xavier OLOMO

 

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