Noel 2010: Homélie de Mgr l'Archevêque

HOMELIE DE MGR L’ARCHEVEQUE DE YAOUNDE LORS DE LA SOLENNITE DE LA NATIVITE

 

 

Révérend  père recteur

Chers confrères dans le sacerdoce !

Révérend sœurs !

Bien aimé de Dieu !

Aujourd’hui dans la cité de David, un sauveur vous est né, c’est le Christ seigneur (Luc 2 ,11). Voilà ce que nous célébrons en ce jour de noël : le fils de Dieu venu vers nous en rédempteur, pour demeurer parmi nous et nous sauver. C’est devant la crèche que nous comprenons vraiment notre originalité chrétienne  en reconnaissant dans le fils d’homme, né de la vierge Marie, le fils même de Dieu. «  Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau – né emmailloté et couché dans la mangeoire », proclame l’ange aux bergers : Noel est une fête chrétienne. Nous touchons ici avec la nativité le cœur même du christianisme à savoir, le mystère de l’incarnation. Le mystère de l’incarnation est le mystère du fils de Dieu fait homme, et d’abords le mystère du fils de Dieu fait enfant. Comme le révèlent les écritures, selon le plan du Père, le fils devait devenir parfaitement homme ; embrasser sans  réserve notre condition humaine ; il devait se faire semblable à nous, excepté le péché. Le Fils de Dieu  a donc accepté de naître en ce monde comme naissent les autres êtres humains : tout en étant Dieu, l’enfant de la crèche se montre à nous dans toute la vérité d’un enfant. Aucun privilège n e luis permet d’échapper à l’état d’infériorité, l’état de dépendance, l’état d’infériorité, l’état de dépendance, l’état de fragilité qui caractérisent l’enfance; le fils de Dieu se livre) nous dans la pauvreté d’un nouveau –né.

Le nouveau-né de la crèche nous invite à nous émerveiller devant tout enfant en recherchant à découvrir en lui le reflet divin !

Ainsi, Noel sera plus que jamais la fête de la vie donnée au –delà des illuminations qui embellissent nos villes, de la panoplie des cadeaux offerts aux enfants, du repas savoureux pris en familles.

Chers frères et sœurs !

A l’aube de la nouvelle année liturgique «  A », le 27 novembre dernier, alors que nous entrions dans la période de l’Avent qui nous prépare caque année à la fête de la naissance du Christ, le Pape Benoît XVI a eu l’intelligence et la sagesse d’inviter toute l’Eglise à prier pour la vie  naissante.

Cette nuit-là, des veillées ont été organisées un peu partout dans le monde : dans notre diocèse, j’ai proposé que les curés profitent des moments de prédications pour rappeler l’absolu respect dû à la vie naissance.

La vie naissante, comme on peut le constater, est une préoccupation majeure dans l’histoire de l’Eglise.

La lettre encyclique du Pape jean Paul II, parue en la solennité de l’Annonciation en  1995, s’intitule «  l’Evangile de la vie », et se présente elle-même comme «  un appel passionné adressé à tous et à chacun, au nom de Dieu : respecte, défends, aime et sers la vie, toute vie humaine ! » l’initiative du Pape Benoît XVI demandant de prier, dès le début de l’Avent, pour la vie  naissante se situe dans le même ordre.

Comme pour exorciser la menace qui pèse tant sur la vie naissante, le pape a composé une prière sur le sujet. Une prière que je vous encourage à réciter seul ou de préférence en famille. Je reprends ici, pour notre méditation, un extrait de cette prière :

« Réveille en nous le respect pour toute vie humaine naissante, rendez-vous capables de discerner dans le fruit du sein maternel l’œuvre admirable du créateur, dispose nos cœurs à l’accueil généreux de tout enfant qui vient à la vie ». fin de citation.

L’appel du Pape est un souhait qui vise à donner à l’humanité, en ces temps de noël, un écho très positif, tourné vers  l’espérance. L’heure est venue, pour chacun d’entre-nous, de comprendre la portée de ce cadeau qu’est la vie et d’en prendre soin.

Je souhaite vivement à chacun de comprendre que la protection de la vie en général et de la vie naissante en particulier est un sujet qui nous concerne et nous préoccupe tous, qui que nous soyons ; ce n’est donc pas une affaire de spécialistes.

La prières du Pape lue entièrement est un programme pour toute une vie, car Dieu,  en créant tous les hommes à son image et à sa ressemblance, les invite à participer en frères,  à sa gloire dans le ciel. Ainsi, l’homme, quel qu’il soit,  est dépendant de cette paternité de Dieu, et responsable de la vie de son semblable.

Le modernisme ambiant destructeur et ses divers courants idéologiques initient constamment à travers le monde le débat sur : la contraception, l’avortement, l’euthanasie, le suicide… forts de cela,  certains s’affranchissent de la dépendance radicale que l’Homme à  l’égard de Dieu le Père et oublie que,  l’exercice de la paternité de Dieu le rend heureux, puisqu’il y accueille et reconnaît sa présence bienveillante : comme Saint Augustin, nous pouvons dire : « Dieu, tu nous a faits pour toi, est notre cœur est inquiet tant qu’il ne repose en toi ».

Etre fait pour Dieu, cela signifie non seulement magnifier la création, mais aussi et surtout la protéger et la perpétuer. Il n’est donc pas juste d’élever la voix pour dire non à la vie en soutenant tous les mécanismes absurdes qui portent atteinte à la vie humaine naissante. Ceci est d’autant plus pertinent que pour nous africains, la vie est sacrée et à ce titre doit être respectée.

En ce jour où nous célébrons la solennité e la nativité, nous pensons bien sûr à tous ces enfants que l’on interdit de naître. A force de considérer comme un droit le fait de donner la mort ; de divorcer, les sociétés reconnus comme modernes deviennent à la longue inhumaines et mortifères.

Nous sommes entrés dans une époque dite émancipée qui sacrifie tout au succès, à la rentabilité, au paraître et à l’avoir… au détriment de la dimension spirituelle de l’être humain.

L’égoïsme de l’homme, la recherche sans borne du plaisir, la mauvaise interprétation du mot amour ; ainsi que diverses raisons économiques et sanitaires sont désormais un alibi d’envergure pour exterminer la vie naissante. C’est une honte pour notre culture non seulement chrétienne mais également africaine, celle-là même où la relation amoureuse a longtemps rimé avec mariage, dans le but principal de procréer, de prolonger la vie reçue de Dieu.

Dans l’Evangile de Mathieu (Mt 2, 16-18), qui nous accompagnera durant cette nouvelle année liturgique «  A », nous voyons comment le roi Hérode, entièrement consumé par la jalousie et la méchanceté, se lance dans des pratiques  maléfiques ; il ira jusqu’à massacrer les innocents dans le seul but de conserver son trône. Aujourd’hui, ceux qui encouragent l’avortement et ceux qui le pratiquent sont tout simplement des Hérode des temps modernes, et le sang des innocents ne saura leur laisser la paix ; car leur conscience crie au crime. Car, notre Dieu, le Maître de la vie, est Dieu jaloux : ne l’oublions pas.

Une jeune fille unique, soucieuse de son paraître avait choisi de recourir souvent à l’avortement. Elle se  refusait à être maman malgré le souhait de ses parents de devenir grands-parents, pur ne pas abîmer, disait-elle, sa belle silhouette. Elle disait : « c’est mon corps est c’est ma grossesse ; j’en fais ce que je veux » ; jusqu’au jour où elle décida d’en avoir ; mais c’était trop tard.

Eh bien, chers fidèles ! La loi divine comme la loi naturelle excluent tout droit  de tuer. L’Eglise ne reconnait à personne le droit de  disposer de la vie d’autrui. Personne, pas même le père ou la mère, ne doit se substituer à l’enfant, fût-il  l’état embryonnaire pour choisir en son nom la vie ou la mort !

Dieu nous a tous faits pour la vie, il n’a jamais réservé la mort dans l’œuf pour certains. Respecter la vie naissante c’est respecter la volonté du Père. Tuer la vie,  c’est tuer cette volonté. Qui sommes-nous pour lever la main contre la volonté divine ? Qui sommes –nous pour modifier le plan de Dieu ?

En optant à la suite du Pape Benoît XVI de prier pour la vie naissante, nous le peuple de Dieu, nous n’avons ni à juger les personnes, ni à condamner qui que ce soit, mais à affirmer haut et fort « tu ne tueras point », comme le recommande le décalogue. Nous voulons tout simplement demander dans la prière, la force, la grâce, le courage, l’audace de nous faire proches des situations de détresses.

Pensons à tous ceux et celles chez qui le désir de vivre a été détruit…pensons et prions spécialement pour toutes ces femmes pour qui la maternité n’est pas une bénédiction, après que leur vie ait été brisée par le viol, pour celles qui sont abandonnées, sans soutien, en proie à la prostitution.

Prions pour les enfants que l’irresponsabilité et la méchanceté des hommes et des femmes condamnent à ne jamais  voir le jour, pour ceux qui sont accueillis avec dédain par leur géniteur, et pour ceux qui ne trouvent pas à leur naissance ceux qui ne trouvent pas à leur naissance le geste, la parole, le sourire d’amour indispensable à leur entrée dans la vie.

Je profite de cette occasion de grande écoute grâce aux médias présents à notre célébration, pour dire que l’engagement des chrétiens pour la vie naissante,’a rie d’un combat idéologique. Quand nous affirmons que Dieu est père, source de toute vie, nous affirmons que cette relation filiale est constitutive de  notre humanité. Prier pour la vie naissante ne saurait par ailleurs être la tâche d’une seule religion, ou d’une certaine élite,  c’est une affaire de tous, sans discrimination aucune. Face à la vie détruite, euthanasie et avortement ; nous sommes tous responsables.

L’heure est à la réflexion et à l’engagement. Cessons donc de rejeter la responsabilité sur autrui, comme dans le livre de la Genèse (Gn 3,12), à l’épisode du fruit défendu, où l’homme dit : « ce n’est pas moi, c’est la femme », et la femme dit : « ce n’est pas moi, c’est le serpent ». C’est ainsi que nus faisons souvent pour nous débrasasse de la responsabilité de ce qui se passe en essayant d’imputer nos actes à quelqu’un d’autres ; plutôt que de les assumer.

Il y a tant de façons de tuer dans l’œuf : bien briser la joie d’un enfant, casser le rêve d’un adolescent, détourner le projet  d’un jeune, tuer l’espérance d’un adulte…

Tout comme c’est regrettable de constater que des adultes dans des rencontres internationales laissent libre cours à «  l’acharnement » contre la vie naissante. Tout se passe comme si ces hommes et ces femmes d’un certain pouvoir étaient des animaux, ces êtres sans intelligence qui sont conduits par leur instinct, par leur désir, par leur réflexe de défense et par leur volonté d’éliminer les petits ! Créé à l’image de Dieu, l’homme est capable de se maîtriser et de respecter le droit de distinguer le bien du mal, de préférer la vie à la mort. On reconnait la grandeur de l’espèce humaine à sa manière de se déployer pour le respect, la protection et la défense des plus faibles et les plus vulnérables de la société, comme l’image que nous renvoie la crèche de Bethléem en ce jour béni de noël.

Prier pour la vie naissante, c’est prier ensemble pour que tous, nous sachions mettre en œuvre ce respect des plus fragiles dans notre vie quotidienne, dans notre travail, dans notre famille, parmi toutes nos relations.

Dans la prière, l’Esprit de vie nous donnera la force de ne pas céder à la pression, à la puissance et à l’influence des vents contraires. C’est une bénédiction que d’exercer notre liberté pour prendre le parti du plus faible contre le plus fort.

Frères et sœurs, accueillir le Christ venu à nous pauvre et sans  défense dans la nuit de Bethleem, c’est se mettre à l’école de la Vierge Marie, elle, la première qui a  cru ; elle qui nus prend par la main à travers les sentiers de la vie, afin que nous découvrions Dieu au-dedans de nous-mêmes, au-dedans de toute vie comme une présence bien aimée

Joyeux noël paix et joie dans vos familles

MGR Victor TONYE BAKOT

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