HOMELIE DU DIMANCHE 20 JANVIER 2011.

7ème dimanche des temps ordinaire, Année A

Devenir saints comme notre Père céleste :

Par quel chemin : une morale de la loi ou morale de l’amour ?

On peut voir les obligations morales suivant deux perspectives : conformité à une loi ou mise en œuvre d’un amour lucide pour Dieu et pour le prochain. Dans le monde actuel, féru d’autonomie, la conformité à une loi semble mal acceptée. L’amour lucide pour Dieu est légitime à deux conditions : que l’on aime vraiment Dieu et son prochain et que cet amour soit lucide sur ses traductions pratiques (Joseph Baciocchi, Espérer aujourd’hui en Jésus-Christ : le dynamisme de l’Église. pp. 74-75).

Au fond, bien comprises, la morale de la loi et celle de l’amour n’en font qu’une. Mais sont-elles toujours bien comprises ?

La morale de la Loi peut se dessécher en un légalisme agressif ou dévier vers une casuistique hypocrite. La morale de l’amour peut tourner à un amateurisme très commode et non moins hypocrite. « L’amour a souvent besoin de la Loi pour identifier vite et clairement ses propres exigences pratiques. La Loi a besoin de l’amour pour garder vivantes la liberté et la fraternité » (Ibid., p. 76).

La plus haute charité consiste à contempler le visage du Christ et à porter la Bonne Nouvelle du pardon aux "pauvres". C’est dans cette perspective que le pape Benoît XVI, s’adressant aux Œuvres Pontificales Missionnaires disait (06/05/09) :

« C’est la contemplation du visage du Christ qui fait surgir la passion irrésistible de Le proclamer et de Le donner aux autres, et qui rend capable de Le reconnaître présent dans le visage des pauvres et des marginaux. »

De là, on peut intégrer l’interpellation d’Aurelio Paccei :

« Si l’homme de demain reste celui d’aujourd’hui, c’est-à-dire un être atrophié (dans l’esprit), mutilé (dans son esprit et sa conscience) incapable de dominer (et de comprendre) les réalités nouvelles qu’il a lui-même introduites  dans le cycle de la nature, alors aucun progrès scientifiques ne vaut : l’homme est perdu ».

(Extrait d’un texte d’Aurelio Paccei, dirigeant industriel, ami de l’Amérique latine et du Sud du monde, fondateur du Club de Rome en 1968 et théoricien des limites du développement).

Quand Jésus dit : « vous avez appris qu’il a été dit… ». Il fait allusion à l’Ancien Testament, la Loi de Moïse. C’est la Loi qui confère au peuple juif son statut particulier parmi toutes les nations de la terre, parce que c’est Dieu lui-même qui la leur avait donnée. C’est le « doigt de Dieu » qui l’avait gravée sur des tables de pierre.

Pendant 1500 ans, les prophètes et les rabbins d’Israël l’avaient interprétée, appliquée au gré des circonstances changeantes, en exhortant le peuple à  l’observer.

Quand Jésus dit : « Eh bien moi, je vous dis… »

Suggérant un ajout à la Loi, ses auditeurs sont confrontés à quelque chose totalement nouveau. Il réclame une nouvelle adhésion, revendique son autorité, il fraie un chemin pour une Nouvelle Alliance. Cette autorité revendiquée implicitement requiert obéissance, car il est l’égal de Dieu.

Dans l’Antiquité, l’obéissance due à celui qui gouverne était un concept familier. Dans le monde contemporain dominé par les démocraties politiques, l’obéissance l’est beaucoup moins.

La vérité du Christ ne change pas au gré des modes et des référendums. Dans notre relation avec Jésus et son Église, l’humble obéissance à l’autorité légitime est une vertu, et non pas un défaut.

Nous obéissons à la prescription médicale du médecin sans toutefois lui exiger auparavant de nous faire comprendre absolument tout ce qui concerne la maladie dont nous souffrons.

Jésus-Christ est le médecin de nos âmes et le plus brillant des médecins de nous qui avons été blessées par le péché originel, par nos péchés personnels, et par les péchés personnels des autres.

Ses "commandements", ses enseignements et son exemple constituent les instructions qu’il nous donne pour que nous puissions guérir, grandir et mûrir spirituellement en avançant sur le chemin du vrai bonheur.

Obéir à Jésus, signifie établir une relation d’amitié avec lui. Cependant, il y aurait un problème… car nous vivons 2000 ans après l’Ascension du Seigneur : Jésus ne nous a pas laissé de commandements spécifiques au sujet du clonage, de la contraception, de la recherche sur les cellules-souches embryonnaires ou d’autres.

Alors que doit faire un disciple du Christ pour toutes ces questions qui ne sont pas mentionnées dans la liste des dix commandements ?

Il nous faut suivre l’enseignement officiel de l’Église, le Magistère mû par le Saint Esprit.

(L’enseignement des papes et des évêques unis au pape)

C’est ici qu’intervient la sainteté : vivre sa foi en faisant bien et avec passion ce qu’on a à faire pour la  plus grande gloire de Dieu. C’est un impératif catégorique que d’être saint. C’est la perfection de charité.

Pour ce faire, il importe à ramer à contre-courant de certains aléas.

Aléas d’un certain juridisme

Jansénisme : courant de pensée à la fois théologique, spirituel et moral issu du théologien néerlandais Jansen ou Jasenius (1585-1638), évêque d’Ypres (Belgique).

Jansénius, proche de la doctrine protestante, voit l’homme si corrompu par le péché originel que seule la grâce divine peut assurer son salut ; Dieu n’accordant cette grâce qu’aux prédestinés choisis par Lui, les autres étaient voués à la damnation ; le bénéfice de la grâce appelait la plus grande rigueur. (Cf THEO).

Conformisme : Fait de se conformer aux normes, aux usages sans toutefois s’y engager d’âme et de cœur. C’est une forme de Traditionalisme.

Formalisme : manifester notre intérêt à la loi rien qu’en nous soumettant aux procédures et à la forme. Respect des convenances, des conventions mondaines.

Mimétisme : propriété qui consiste à imiter involontairement et servilement quelqu’un.

Légalisme : Le respect de la loi par pur respect pour la loi.

Tertullien, écrivain ecclésiastique des 1ers siècles de l’Église nous rappelle que  les chrétiens ne sont pas différents des autres citoyens, mais ils vivent différemment des autres citoyens. Cette différence réside dans la charité/amour dont ils témoignent pour tous.

La vertu de charité dont témoigne les premiers chrétiens a fait dire aux païens des premiers siècles (à l’adresse des chrétiens) : « Voyez comment ils s’aiment ! » La charité est notre marque distinctive ; notre identité chrétienne. Cette charité exclut vengeance, rancune, méchanceté, malveillance, mais intègre la justice sociale.

La charité est ce qui nous place à part, nous diffère des païens, des minimalistes dans la foi…

Celui qui vit la charité sait bien qu’on ne parle pas de la charité, on la pratique : elle va jusqu’au pardon, à l’amour, des ennemis. Conscients de ce que nous sommes tous temple de Dieu ; il faudrait l’embellir, l’orner de par des gestes d’amour ! Cet amour qui va jusqu’au pardon.

Pardonner, c’est continuer à faire du bien, par amour et imitation du Christ à celui qui me fait ou m’a fait du mal, celui qui m’a offensé.

Pardonner, c’est évangéliser par le bien et faire grandir son  héritage, son "espace" céleste.

Pardonner, c’est aimer ses ennemis et prier pour eux en signe de charité.

Pardonner, c’est l’acte de charité le plus sublime qui rend la vie possible et pacifique.

Il est une source du développement de l’homme.

Puisse Marie, Notre-Dame-des-Victoires intercéder pour nous afin que nous puissions déverrouiller les portes du ciel à travers l’excellence de notre pratique du pardon.

Father Antoine Roger EVOUNA

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